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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE

» S’ils disent que les étoiles plus grandes que le Soleil sont celles des signes du Zodiaque ou celles de la Grande Ourse, qui n’éprouvent aucune action de la part du Soleil, pourquoi celles qui courent par les Signes du Zodiaque sont-elles, pour eux, l’objet d’une plus grande vénération ? Pourquoi leur accordent-ils domination sur les Signes ?

» Peut-être quelqu’un d’entre eux admet-il que ces rétrogradations, voire ces marches lentes des planètes ne sont pas produites par le Soleil, mais par d’autres causes occultes. Du moins est-ce au Soleil qu’ils attribuent tous le principal pouvoir, dans ces folles élucubrations où, dévoyés de toute vérité, ils conjecturent la force des destinées ; leurs livres le manifestent clairement. »

Attaquée par Saint Augustin, la doctrine de la primauté du Soleil sur tous les astres était professée par Macrobe.

Macrobe écrivait [1] :

« Le Soleil est appelé le modérateur des autres astres parce que c’est lui qui contient dans les limites précises d’une certaine distance la marche directe (cursus) et la marche rétrograde (recursus) des astres. Il existe, en effet, pour chaque astre errant, une distance, définie avec précision, telle que l’étoile, lorsqu’elle est parvenue à cette distance du Soleil, semble tirée en arrière, comme s’il lui était défendu de passer outre ; inversement, lorsque sa marche rétrograde l’a conduite au contact d’un certain point, elle se trouve rappelée à la course directe qui lui est coutumière. Ainsi la force et le pouvoir du Soleil modèrent le mouvement des autres luminaires et le maintiennent dans une mesure fixée. »

En terminant son étude du mouvement des planètes, Martianus Capella disait [2] : « Si tous les astres dont nous venons de parler présentent, dans leur cours, une grande diversité ; si leur distance à la terre (altitudo) varie ; s’ils ont des stations, une marche rétrograde, une marche inverse, la cause en est, pour eux, dans le rayon éclatant du Soleil ; lorsque ce rayon frappe une planète, il la porte vers le haut ou bien la comprime vers le bas, ou lui impose une déclinaison en latitude, ou bien encore la fait rétrograder ».

Enfin, dans ses Étymologies comme dans son livre De rerum natura, Saint Isidore de Séville avait inséré cette phrase [3] : « Certains astres, retenus par les rayons du Soleil, présentent des ano-

1. Magrobii Commentarias ex Cicerone in Somnium Scipionis, lib. I, cap. XX, Voir : Première partie* ch. VHI, III ; t. I, p. 444*

2. Martiani Capellæ De nuptiis Philologiœ et Mereurii lib. VIII, 887.

3. S. Isidori Hispalensis Etymologiarum Jiber III, cap. LXV. — De rerum natura liber, cap. XXII. Vide supra, p. 9.

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