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L’INITIATION DES BARBARES


ayant parcouru son cercle, revient au même signe et à la même partie de ce signe.

» Certains astres, retenus par les rayons du Soleil, présentent des anomalies ; ils sont rétrogrades ou stationnaires ; selon ce qu’enseigne le poète lorsqu’il dit :


           Sol tempora dividit ævi,
Mutat nocte diem, radiisque potentibus astra
Ire vetat, cursusque vagos statione moratur[1].

» … Ainsi donc certaines planètes sont dites errantes parce qu’elles parcourent le Monde d’un mouvement qui diffère de l’une à l’autre. Par le fait qu’elles sont errantes, elles sont dites rétrogrades ou anomales, et cela selon que leur marche ajoute ou retranche des divisions. On les dit rétrogrades lorsqu’elles retranchent des divisions. Elles sont stationnaires lorsqu’elles s’arrêtent.

» …. On dit qu’il y a progrès ou marche en avant de l’étoile lorsqu’elle paraît non seulement faire son chemin accoutumé, mais encore procéder plus que d’habitude.

» … Le retard ou rétrogradation de l’étoile a lieu lorsque, tout en suivant son mouvement habituel, elle paraît en même temps se mouvoir en arrière.

» … Il y a station pour une étoile lorsqu’elle semble s’arrêter en quelque endroit, tout en continuant son mouvement. »

Ces quelques lignes, obscures ou erronnées, représentent tout ce que les lecteurs d’Isidore pouvaient apprendre de la théorie des planètes. Un seul point mérite d’y être signalé : Isidore mentionne l’hypothèse qui attribuait à une attraction exercée par les rayons solaires la marche rétrograde de Vénus et de Mercure ; cette théorie, qui avait trouvé faveur auprès de plusieurs physiciens grecs et latins, et notamment de Pline et de Chalcidius, était, nous l’avons vu, connue de Saint Augustin[2] ; il est, partant, malaisé de dire de qui l’Évêque de Séville la tenait ; cependant, comme rien, par ailleurs, ne révèle qu’il ait connu Pline et Chalcidius, il est probable qu’il l’emprunte à Saint Augustin.

La théorie péripatéticienne de la cinquième essence, distincte des quatre éléments, et substance des corps célestes, a été exposée, non sans scepticisme, par Saint Basile ; en général, les Pères de l’Église ne l’ont pas adoptée ; ils supposent que la substance des

  1. Ce dernier alinéa se retrouve textuellement au De rerum natura liber, cap. XXII : De cursu stellarum.
  2. Voir : Seconde partie, Ch. I, § I ; t. II, p. 407.