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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


corps célestes ne diffère pas essentiellement de celle des quatre éléments ; Saint Augustin, suivant l’idée de Platon, compose les astres de feu pur.

Isidore de Séville, qui admet[1] l’existence des quatre éléments et la possibilité, pour ces éléments, de se transmuer les uns dans les autres, ajoute :

« Il est certain que tous les éléments se trouvent en chaque corps ; mais chaque corps est nommé d’après l’élément qui domine en lui. »

« L’éther, dit-il un peu plus loin[2], désigne le lieu où sont les astres ; il désigne aussi le feu qui, dans la région élevée, est séparé du reste du monde. L’éther est l’élément même [du feu]. »

« Le Soleil est formé de feu, dit-il encore[3]… Les philosophes prétendent que ce feu s’alimente avec de l’eau. »

Dans son De Natura rerum liber, l’Évêque de Séville reproduit[4], touchant les éléments, les propos de Saint Ambroise qui, lui-même, s’était borné à répéter Saint Basile ; au sujet de la nature ignée du Soleil, de l’eau capable d’alimenter ce feu, il s’exprime[5] comme il l’a fait dans les Étymologies.

C’est encore à Saint Ambroise, écho de Saint Basile, qu’Isidore de Séville emprunte textuellement[6] ce qu’il dit du flux et du reflux, et de l’explication de ces effets par l’action de la Lune.

Dans ses Étymologies, l’Évêque de Séville nomme rarement les auteurs auxquels il emprunte des renseignements de Physique ou d’Astronomie ; dans son Liber de natura rerum au contraire, il les cite volontiers. Gustav Becker a pu ainsi énumérer les sources auxquelles Isidore avait puisé son savoir.

De tous les docteurs de l’Église, Saint Ambroise est celui auquel le Liber de natura rerum fait le plus d’emprunts ; Saint Clément d’Alexandrie et Saint Augustin sont, eux aussi, plusieurs fois invoqués. Parmi les auteurs profanes, ceux que l’Évêque de Séville a consultés sont peu nombreux ; il a lu le Scholiaste de Germanicus et l’Astronomicum poëticum d’Hygin ; il a surtout consulté Suétone.

Il ne paraît pas avoir connu Pline l’Ancien, dont l’Histoire

  1. Isidori Hispalensis episcopi Etymologiarum lib. XIII, cap. III : De elementis.
  2. Isidori Hispalensis episcopi Etymologiarum liber XIII, cap. V : De partibus cæli.
  3. Isidori Hispalensis episcopi Etymologiarum liber III, cap. XLVIII : De natura Solis.
  4. Isidori Hispalensis episcopi De natura rerum liber, cap. XI : De partibus mundi.
  5. Isidori Hispalensis Op. laud., cap. XV : De natura Solis.
  6. Isidori Hispalensis Op. laud., cap. XL : De Oceani æstu.