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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/163

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


entouré de deux orbes qui lui sont concentriques et qui sont donc disposés comme ce sont les sphères épieycles dans les modèles proposés par les Hypothèses ; la sphère épicycle contiguë au corps du Soleil porte Mercure ; Vénus est entraînée par la sphère épicycle extérieure.

En haut, un second dessin représente une disposition plus compliquée ; le corps du Soleil est encore entouré par deux orbes qui lui sont concentriques ; mais ces orbes n’entraînent plus directement l’un le corps de Mercure, l’autre le corps de Vénus ; chacun d’eux entraîne une sphère qui tourne sur elle-même en entraînant la planète ; Vénus et Mercure décrivent donc l’un et l’autre un épicycle d’épicycle autour du centre du Soleil, tandis que ce centre décrit lui-même un cercle excentrique à la Terre.

Il est piquant de remarquer que cette combinaison cinématique, imaginée au xive siècle par notre dessinateur anonyme, est semblable de tout point à celle que Copernic proposera pour représenter le mouvement de la Lune ; en effet, selon le Réformateur de l’Astronomie, la Lune décrira, autour du centre de la Terre, un épicycle d’épicycle, tandis que le centre de la Terre décrira un cercle excentrique au Soleil.

Une troisième disposition, encore plus compliquée, est représentée en bas et à droite par notre auteur. Selon cette troisième disposition, le grand orbe excentrique entraîne un orbe épicycle qui contient le corps du Soleil ; c’est autour du centre de cet épicycle du Soleil, et non plus autour du centre du corps même de l’astre, que tournent les orbes épieycles de Mercure et de Vénus ; en chacun de ces orbes épieycles, d’ailleurs, la planète est enchâssée dans une sphère épicycle d’épicycle.

Notre dessinateur a souvenir du célèbre théorème qu’admirait Hipparque, car à côté du troisième dessin, il a écrit la remarque suivante : « Si l’on imagine qu’il en soit ainsi, il ne faut pas que le Soleil ait un orbe excentrique ; l’éloignement et l’approche de cet astre se font par le seul épicycle ». La théorie du Soleil, de Vénus et de Mercure se réduirait alors à celle qu’ont décrite Adraste d’Aphrodisias et Théon de Smyrne.

La figure entière, d’ailleurs, est dominée par une réflexion presque effacée et dont nous transcrivons ici ce qu’il nous a été possible de déchiffrer :

« Et sic (?) videtur (?) dîctum quorundam qui dicunt Venerem aliquando esse supra Solem, et Mercurium [supra Solem], et Venerem supra Mercurium, et econverso. Polest salvari talis motus per epiclos et prima scilicet est ymayinatio… Mercurium… ».