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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/201

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

IV
GILBERT DE LA PORRÉE ET LE Livre des six principes

Des théories péripatéticiennes, nous pourrions encore retrouver des traces en parcourant les divers écrits des plus célèbres émules de Thierry. Chose digne de remarque : La théorie du lieu, exposée au quatrième livre de la Physique d’Aristote, est peut-être, parmi les doctrines péripatéticiennes, celle qui a le plus vivement attiré l’attention de quelques-uns d’entre eux, tels que Guillaume de Conches et Gilbert de la Porrée.

Nous avons déjà entendu [1] Guillaume de Conches déclarer, au Περὶ διδαξέων que « tout mouvement se reconnaît au moyen d’un corps immobile ou moins rapidement mobile. Lorsque quelque chose se meut, si nous voyons, en même temps, quelque objet immobile, et si nous constatons que le premier objet s’approche du second ou le dépasse, nous percevons le mouvement. Mais lorsque quelque objet se meut sans que nous voyions aucun autre objet immobile ou moins mobile, le mouvement n’est point senti ; on peut le prouver par la considération du navire qui s’avance en pleine mer ».

Le bon sens, il est vrai, à défaut d’Aristote, suffisait à dicter cette réflexion à Guillaume de Conches ; plus nettement péripatéticienne est la pensée de Gilbert de la Porrée.

Gilbert de la Porrée est né à Poitiers en 1070 ou en 1076 ; il succéda à Bernard de Chartres en la dignité de chancelier des écoles chartraines ; il professa ensuite à Paris, où il së montra adversaire ardent des Nominalistes ; en 1142, il fut nommé évêque de Poitiers ; en 1148, un concile tenu à Reims condamna quelques-unes des propositions qu’il avait soutenues en Théologie, mais il se soumit, et ne s’occupa plus, jusqu’à sa mort (1154), que du soin de son diocèse.

Parmi les écrits de Gilbert de la Porrée, il en est deux qui ont exercé la plus grande influence sur la Philosophie scolastique.

Le premier de ces ouvrages est consacré à la Métaphysique et à la Théologie ; c’est un commentaire au traité de Boèce qui a pour titre De Trinitate ou encore De hebdomadibus. Le second est le Liber sex principiorum.

  1. Vide supra, p. 105.