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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/208

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LE TRIBUT DES ARABES

Les dernières phrases de cette préface n’étaient pas, de la part de Platon de Tivoli, vaines précautions contre les reproches du lecteur. Le texte latin du De scientia slellarum fourmille d’erreurs astronomiques, et la langue en est fort barbare. Cette traduction dut, cependant, paraître singulièrement précieuse aux maîtres de la Scolastique occidentale ; ce qu’elle leur apprenait du mouvement des étoiles et des planètes surpassait immensément les pauvres leçons qu’ils avaient reçues de Pline l’Ancien, de Chalcidius et de Macrobe ; pour la première fois, il leur était donné de contempler une théorie si précise et si détaillée qu’elle se pût accorder numériquement avec les résultats des observations.

Ce don de Platon de Tivoli à la Scolastique latine fut bientôt doublé par celui que lui fit Jean Hispanensis de Luna. C’est, en effet, en 1134. nous l’avons vu [1], que l’actif collaborateur de Dominique Gondisalvi traduisit le Liber in scientia astrorum et indicibus motuum cælestium composé par Al Fergani.

La reconnaissance des scolastiques latins dut associer ces deux ouvrages par lesquels ils avaient été initiés au système de Ptolémée ; on les trouve souvent réunis dans les manuscrits, et c’est ensemble qu’ils furent imprimés à Nüremberg en 1537 [2], et réimprimés à Bologne en 1645.

VI

LES Tables de Marseille

Les infiltrations de la Science arabe au sein de la Chrétienté latine se produisaient, à la fois, en des régions bien éloignées ; tout un collège de traducteurs semble avoir eu pour centre l’école de Chartres, alors si brillante ; d’autres, tels que Platon de Tivoli, paraissent avoir conçu en Italie le désir de s’assimiler les connaissances des astronomes musulmans.

1. Vide supra, pp. 178-179.

2. Continentur in hoc libro. Radimenta astronomica Alfragani. Item Alba-T 8GNIUS astronomes peritissimus de motu stellarum eæ observât ion i bus tum propriis tum Ptolomaei omnia cum demonstrationibus Geometricis et Additionibus I0ANNI8 de Regiomonte, Pataaii habita cum Alfraganum publiée prœlegeret. Eiusdem introductio in elementa Euclid»s. Item Èpistola Philîppi Melanthonis nuncupaioria ad Sénat uni Noribergensem. Omnia iam recens prœlis publicata Norimbergæ anno MDXXXVH. — Certains exemplaires renferment seulement l’ouvrage d’Al Fergani et celui d’Al Battani. Ils portent en titre : B revis ac perutilis compilât io Alfragani astronomi peritissimi, totum id continens, quod ad radimenta Astronomica est opportunum, Fol. 26, r° : Explicit Alfraganus. Norimbergæ apud Ioh. Pelreium, anno salutis MDXXXVÏÏ. — Puis, fol. 1, r° : Prœfatio Platonis Tiburtini in Albategnium. Fol. 90, r<> : Finis.

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