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LE TRIBUT DES ARABES

le dater ni par les années du Monde, ni par celles des Grecs, ni par celles de Y iezdazird [ère des Perses] ou [de Père] des Arabes, mais au moyen des années comptées à partir de l’incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ, afin qu’on n’y trouve rien d’hérétique, rien qui soit étranger à la foi véritable, mais que tout ce qui s’y rencontre soit catholique et dit avec l’assistance du Saint-Esprit. »

Notre auteur avait pris grand soin de marquer la date de composition de son ouvrage ; il n’avait pas négligé, non plus, de donner la raison de ses minutieuses précautions à cet égard : « Peut-être, écrivait-il demandera-t-on pourquoi nous avons marqué à quelle année, comptée depuis l’incarnation du Seigneur, correspondait notre temps.

» Qu’on sache donc que nous l’avons fait pour cette raison ci : Peut-être, dans très longtemps, par suite de l’accumulation de quelques fractions très petites, un défaut apparaîtra, ainsi que nous l’avons expliqué, vous vous èn souvenez, dans notre Traité de rAstrolabe ; alors, le lecteur habile pourra s’appliquer, à l’aide des cours des étoiles fixes et des sept planètes que des instruments très exacts auront vérifiés, à corriger, aussi bien ici qu’en notre Astrolabe, les défauts qui auront apparu par la longue durée des temps ; c’est ce que nous avons fait nous-même. » En marquant avec précision lé temps où il a commencé d’écrire son traité sur le cours des planètes, notre auteur avait compté sans les copistes. Le texte que nous avons eu sous les yeux porte : En l’an 1111 [anno M°COXOÏ°). L’auteur avait certainement écrit : En l’an 1140 ianno M°C°XQL°). Le copiste a ensuite pris le caractère L pour le caractère I ; et, d° fait, il les traçait lui-même d’une manière presque semblable, donnant seulement à 1’1 un peu plus de hauteur qu’à l‘i.

Que l’ouvrage puisse être de 1140, mais n’ait pu être écrit en 1111, nous en aurons l’assurance lorsque nous aurons entendu l’auteur nous conter une dispute astronomique qu’il soutint à Marseille en l’année 1139.

De la date du traité, nous avons encore une autre confirmation.

Parmi les tables astronomiques qui forment une grande partie de l’ouvrage, il en est qui sont dressées pour l’intervalle de temps compris entre l’incarnation de N. S. J.-C. et l’année 1904. Les années pour lesquelles elles donnent des renseignements sont i. Ms. cit., fol. iio,col. d.