nome. Que des canons clairement et simplement formulés permettent
de tirer des tables astronomiques tous les renseignements
qu’on peut désirer sur le mouvement des corps célestes fixes ou
errants, que ces renseignements se trouvent très exactement confirmés
par les observations, voilà ce qu’au cours du Moyen Âge, et
longtemps même après que le Moyen Âge aura pris fin, nous
entendrons constamment souhaiter par l’unanimité des astronomes.
Des principes théoriques dont s’autorise la composition des tables
et des canons, ils se montreront, en général, fort insouciants ; ils
laisseront aux physiciens le soin de discuter ces principes. Des
hypothèses nouvelles n’auront le don de les intéresser que dans
la mesure où elles permettent un calcul plus aisé et plus précis
des mouvements célestes. Au xiiie siècle, ils ne daigneront pas
mettre le système d’Al Bitrogi, qui ne leur permet de déterminer
le lieu d’aucun astre, en balance avec le système de Ptolémée,
source des tables et des canons dont ils font usage. Au xvie siècle,
sans s’inquiéter beaucoup de savoir si la Terre tourne ou ne tourne
pas, ils délaisseront la doctrine de Ptolémée pour la doctrine de
Copernic, parce que celle-ci fournit des tables plus simples et plus
exactes que les Tables Alphonsines Ces tendances, que notre siècle
appellerait positivistes ou pragmatistes, dirigent l’œuvre de
notre astronome marseillais.
Il nous a dit son intention de composer des tables astronomiques et des canons, et, d’ailleurs, il s’est donné comme un disciple d’Al Zarkali ; les modèles qu’il va se proposer d’imiter nous sont donc connus d’avance ; ce sont les Tables de Tolède et les Canons qu’Al Zarkali a rédigés pour l’usage de ces tables. Que son œuvre soit une simple transposition de ces tables et de ces canons, il va, d’ailleurs, nous l’avouer ; ce sera l’objet du préambule[1], intitulé : Regulæ ad loca planetarum invenienda, qui précède les canons.
« Un grand nombre d’Indiens, de Chaldéens et d’Arabes, dont nous avons reconnu la grande valeur en Astronomie, ont publié des livres sur le cours des planètes ; ils les ont calculés pour le méridien de la ville d’Arin, que l’on dit avoir été très exactement construite au milieu du Monde, ou pour le méridien de Messera ; ils les ont datés par les années du Monde ou par les années des Grecs ou, enfin, par les années de gezdazijt [Yezdegerd, ère des Parsis]. Tout récemment, nous avons su qu’un habitant de Tolède, qui traitait de cette doctrine avec une particulière clarté, et que
- ↑ Ms. cit., fol. 116, col. b.