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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/224

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LE TRIBUT DES ARABES


une pièce qui nous fournit, sur Gérard de Crémone, les renseignements les plus précieux ; cette pièce comprend, en effet :

1o Un éloge de Gérard de Crémone, écrit en prose latine ;

2o Une liste, dressée par les compagnons de Gérard, de tous les livres qu’il avait traduits de l’Arabe ;

3o Une pièce de sept vers latins en l’honneur de l’actif interprète.

Bien que ce document se trouve en un manuscrit du xive siècle, il reproduit certainement un texte beaucoup plus ancien. En effet, au début du xive siècle, le Dominicain Francesco Pipino composait une chronique que Muratori a publiée [1]. Or ce que cette chronique disait de Gérard de Crémone était extrait de la notice dont le prince Boncompagni a retrouvé la copie.

Cette copie se retrouve également, avec une variante que nous signalerons dans un instant ; dans un manuscrit du xve siècle, le ms. no 2393 de la Bibliothèque Vaticane.

Le document que cette copie reproduit mérite assurément une grande confiance ; que nous dit-il donc de notre personnage ?

« Dès l’enfance, il avait été élevé dans le giron de la Philosophie ; il en avait appris toutes les parties selon l’enseignement des Latins ; mais l’amour de l’Almageste, qu’il ne put aucunement trouver chez les Latins, le conduisit à Tolède. Là, lorsqu’il vit quelle était l’abondance des ouvrages, écrits en langue arabe, qui existaient sur chaque matière, il eut pitié de la pénurie de livres dont souffraient les Latins, pénurie qu’il avait connue ; et dans son désir amoureux de les traduire, il apprit la langue arabe. Il fut ainsi pénétré des deux connaissances indispensables, celle de la science et celle de la langue ; Ahmet le dit, en effet, en son livre De proportione et proportionalitate : « Il faut que l’interprète, outre la connaissance parfaite des deux langues, de celle qu’il traduit et de celle on laquelle il traduit, soit expert en l’art sur lequel porte l’ouvrage qu’il traduit ». Il se mit alors à passer en revue toute la littérature arabe, à la façon prudente d’un homme qui se promène en de vertes prairies et qui ne cueille pas toutes les fleurs, mais tresse une couronne des plus belles. Il choisit donc, en chaque ordre de matières, les livres qui lui parurent les


    Notizie raccolte da Baldassare Boncompagni. Dagli Atti dell’ Accademia Pontificia de Nuovi Lincei. Anno IV. Sessione VII del 27 Giugno 1851. Borna, 1851.

  1. Chronicon Fratris Francisci Pipini ordinis Prœdicatoram ; lib. I, cap. XVI. Apud Muratori, Rerum Italicaram scriptores ab anno aerae Christianae quingentesimo ad millesimum quingentesimum, Mediolani, 1723-1751; t. IX, coll. 600-601.