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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


la tradition créée par le Liber cursuum planetarum que la première de ces cités avait vu composer dès l’année 1140 ?

En tous cas, nous pouvons affirmer que ce Liber cursuum planetarum était encore en usage nombre d’années après que Guillaume l’Anglais eût achevé son œuvre.

En 1266 ou 1267, Roger Bacon, composant son Opus Majus, y cite [1] la théorie par laquelle le Liber de cursibus planetarum justifiait les jugements d’Astrologie ; et dans ce qu’il dit, nous reconnaissons clairement la doctrine de notre Marseillais.

Dans le Speculum Astronomiæ de libris licitis et illicitis, qui figure au nombre des écrits d’Albert le Grand, mais que le R. P. Pierre Mandonnet propose [2], avec grande vraisemblance, de restituer à Roger Bacon, nous lisons [3] :

« Nombre d’astronomes ont écrit beaucoup de livres contenant des canons calculés pour le méridien de leur ville et pour les années de N. S. J.-C.

» Tel est celui qui est calculé pour le méridien et l’heure de minuit (ad mediam noctem) de Marseille ; un autre est au méridien de Londres ; un autre au méridien de Barcelone, qui est sous le même méridien que Paris, dont la longitude occidentale est, à peu près, 40° 17′, et la latitude 49° et un dixième de degré. »

VII

GÉRARD DE CRÉMONE ET LA TRADUCTION DE L’Almageste

Les Latins, cependant, n’avaient encore aucune connaissance du plus important traité astronomique que nous ait laissé l’Antiquité, de la Μεγάλη μαθηματιϰὴ σύνταξις τῆς ἀστρονομίας de Claude Ptolémée. Le désir de connaître cette œuvre monumentale et de la faire connaître à ses contemporains poussa vers l’Espagne le laborieux Gérard de Crémone.

Dans un manuscrit du xive siècle, conservé à la Bibliothèque Vaticane, le ms. no 2392, le prince Boncompagni a découvert


4. Della cita e delle opere di Gherardo Cremonese, traduttore del secolo duodecimo, e di Gherardo di Sabbionetta, astronomo del secolo decimoterzo.

  1. Fratris Rogeri Bacon Opus majus, pars IV ; éd. Jebb, p. 168 : éd. Bridges, vol. I, p. 267.
  2. Pierre Mandonnet, O. P, Roger Bacon et le Speculum Astronomiæ (1277) (Revue Néo-Scolastique de Philosophie, Louvain, 1910, pp. 313 sqq.).
  3. Alberti Magni Spéculum. Astronumite de libris ficitis et illicitis., cap. II.