Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
LE TRIBUT DES ARABES

« Il y a peu d’années, nous dit Leland, j’examinais d’un œil avide la bibliothèque de Clare, lorsque le nom de cet auteur s’offrit justement à moi, inscrit sur un petit livre. Ce livre était une Theorica planetarum… J’ai lu ailleurs, de ce même Roger, un livre qui portait ce titre : Introductorium in artem judiciariam astrorum. Il a également écrit à Hereford, en l’année 1170, un Collectaneum annorum omnium planetarum. »

Tout ce que nous savons de cet astronome et astrologue anglais, contemporain et émule de Gérard de Crémone, se réduit à ces quelques indications données par Leland.

L’opuscule où Gérard de Crémone traite de la théorie des planètes ne saurait retenir longtemps l’attention de l’historien si celui-ci se propose de retracer le tableau des progrès accomplis par les astronomes dans la représentation des mouvements célestes. Il n’en a pas moins une importance historique qu’il serait injuste de méconnaître ; il est, en effet, un type auquel, pendant plusieurs siècles, se conformeront des ouvrages extrêmement nombreux. De même que, jusqu’au xiie siècle, tout auteur qui voulait écrire sur la Cosmographie tendait à imiter le De rerum natura liber d’Isidore de Séville, de même, du xiiie siècle au xvie siècle, quiconque se piquera d’enseigner l’Astronomie, composera une Theorica planetarum à l’image de la Théorie de Gérard de Crémone.


VIII
ALAIN DE LILLE

Alain de Lille, qui mourut en 1203, est surtout connu par un poëme latin intitulé Anticlaudianus ; ce poëme est comme un avant-coureur du Paradis de Dante.

La donnée de l’Anticlaudianus est la suivante :

La Nature délibère avant de créer un homme tel que l’homme eût été sans la chute originelle. Elle assemble le conseil des Vertus ; sur l’avis de la Concorde, la Prudence fait construire un char que la Raison sera chargée de conduire ; puis, sur ce char, elle gagne le ciel pour exposer à Dieu les vœux de la Nature et des Vertus. La Prudence parvient ici jusqu’aux limites du ciel des


    nate. Ex Autographo Lelandino nunc primum edidit Antonius Hall, A. M. Coll. Reg. Oxon. Socius. Tomus primus. Oxonii, e Theatro Sheldoniano, MDCCIX, p. 233 : Cap. CCXX, De Rogero Henefortensi.