étoiles fixes ; mais la Raison ne la pourrait conduire plus loin ; il
lui faut quitter le char qui l’a portée jusque là ; elle monte alors
un coursier que mène la Théologie ; c’est en cet équipage qu’elle
parvient enfin au pied du trône de Dieu.
La description du voyage que la Prudence, montée sur le char de la Raison, fait au travers des espaces célestes, donne occasion, à Alain de Lille, de faire mainte allusion à la science astronomique et astrologique. Les allusions aux enseignements de l’Astronomie sont, en général, fort courtes ; on devait s’y attendre en un poëme dont l’Astronomie n’est pas le principal objet ; par contre, quelques unes d’entre elles ont assez de précision pour nous renseigner exactement touchant certaines connaissances ou certaines lectures de l’auteur.
Aux yeux de la Prudence, les sept arts libéraux qui forment le trivium et le quadrivium se présentent successivement sous la figure de sept vierges ; la Grammaire, la Logique, la Rhétorique, l’Arithmétique, la Musique et la Géométrie nous sont successivement décrites ; l’Astronomie vient la dernière ; l’auteur nous dit[1] quels sont les sujets de ses méditations ; ils sont de deux sortes ; les premiers sont ceux que, proprement, nous nommerions, aujourd’hui, astronomiques ; des derniers, nous dirions qu’ils sont astrologiques.
C’est aux recherches astronomiques que se rapportent ces vers :
Hic legitur quæ sit cælestis sphæra, quis axis,
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Quis Lunæ motus, quis Solis sphæra, quis orbis
Mercurii, Veneris quæ semita, quæ via Martis,
Quæ mora Saturnum retinet, quo limite currit
Stella Jovis, motusque vagos quis circulus æquat ;
Quis sursum tendens egressa cuspide Terram
Exit, et in Terra nescit defigere centrum.
L’allusion au cercle équant,
motusque vagos quis circulus æquat,
introduit par Ptolémée dans la théorie de tous les astres errants
autres que le Soleil, est d’une parfaite transparence ; plus nette
encore est la définition de l’excentrique donnée par les deux derniers
vers.
- ↑ Alani de Insulis Anticlaudianus, sive de’officio viri boni et perfecti libri novem ; lib. IV, cap. I [Alani de Insulis Opera [Patrologiœ Latinœ accurante J. P. Migne tomus CCX) coll. 510-511].