Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


dalò di Negro[1], nous trouvons une table où sont indiquées les années initiales des principales ères ; nous y trouvons les Anni Alexandri seu anni græcorum (ère chaldéo-macédonienne), les Anni æræ Cæsaris Augusti (ère d’Espagne), les Anni Arabum scilicet Machometi (ère de l’Hégire), les Anni Persarum id est iezdazir (ère de Yezdegerd), les Anni Ægyptiorum id est Chiluenidæ (ère de Dioclétien, utilisée en Éthiopie). Or, les principales se trouvent, en effet, mentionnées au préambule des Tables de Londres[2] ; la liste que nous venons de citer figurait certainement parmi ces tables ; elle en formait vraisemblablement le début.

Aux anni expansi, comptées une par une, l’introduction aux Tables de Londres oppose les anni collecti[3]. « On dit : années réunies (anni collecti) parce qu’on réunit ensemble les mouvements des planètes pendant un certain nombre d’années pour en former une seule ligne ». Cette phrase est suivie de cette autre, qui appelle un commentaire : « In quibusdam tamen tabulis colliguntur isti anni per 20 et 20, ut in Hyspanis et Londonibus ; in quibusdam per 30 et 30, ut in Januensibus et Tollelanis ».

Les Tables de Tolède, construites au moyen des années lunaires, présentaient des tables où ces années étaient groupées trente par trente ; les Tables de Gênes les imitaient en cela ; nous n’avons pas à nous en étonner ; nous savons qu’elles étaient calculées, elles aussi, en années lunaires ; vraisemblablement, elles étaient une simple transposition des Tables de Tolède au méridien de Gênes.

Les tables dressées au méridien de villes chrétiennes étaient, en général, calculées en années solaires ; ainsi en était-il, nous l’avons vu, des Tables de Marseille ; aux Tables de Marseille, notre auteur joint celles de Paris, de Londres, de Pise, de Palermee et de Constantinople.

Or, dans les tables calculées en années solaires, les années étaient réunies, ordinairement, non plus trente par trente, mais vingt-huit par vingt-huit, vingt-huit années juliennes ayant à peu près même durée que vingt-neuf années arabes. Ainsi avons-nous vu que, dans les Tables de Marseille, les anni collecti formaient des groupes de vingt-huit années.

Cela posé, revenons à la phrase que nous avons citée. Qu’est-ce que ces Tables d’Espagne, Tabulæ hyspanæ ? Nous n’en connaissons pas qui portent ce nom, que notre auteur ne reproduit pas lorsqu’un peu plus loin, il donne la liste des tables calculées en

  1. Ms. cit., fol. 100, ro.
  2. Op. laud., cap. V ; ms. cit., fol. 67, coll. c et d.
  3. Op. laud., loc. cit. ; ms. cit., fol. 67, col. b.