Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
237
L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


années solaires. Les tables astronomiques, d’ailleurs, sont généralement désignées par le nom de la ville dont elles adoptent le méridien ; hyspanæ ne pourrait être une telle désignation. Au lieu de Tabulas hyspanæ, ne faut-il pas lire : Tabulæ pisanæ, les Tables de Pise étant précisément au nombre de celles que cite notre auteur ?

D’autre part, au lieu de : Isti anni colliguntur per 20 et 20, ne faut-il pas lire : Isti anni colliguntur per 28 et 28 ? L’erreur du copiste serait bien vraisemblable ; il en commettait une plus grosse lorsqu’il donnait à Londres 15° de latitude au lieu de 51°. Si cette correction est justifiée, les Tables de Pise et les Tables de Londres, tout comme les Tables de Marseille, qui ont dû leur servir de modèles, auraient réuni les années par groupes de vingt-huit.

Dès lors, nous n’aurions plus aucune hésitation à restituer aux Tables de Londres les tables transcrites au verso du premier feuillet de garde du manuscrit que nous avons étudié.

C’est encore de Chronologie qu’il est question dans ces tables ; elles sont destinées à établir la concordance entre l’évaluation du temps chez les Chrétiens et l’évaluation du temps chez les Arabes. Cette concordance est présentée, d’une part, pour les anni expansi, ces années étant comptées de 1 à 28, d’autre part, pour les anni collecti, formant des groupes de vingt-huit ans.

Or les anni collecti progressent, de vingt-huit ans en vingt-huit ans, de l’an 1232 à l’an 1340. Les Tables de Londres auraient donc eu pour origine, pour radix, l’an 1232, et l’opuscule que nous venons d’étudier serait ainsi daté.

Après en avoir déterminé la date, en pourrions-nous nommer l’auteur ?

Les dernières lignes de ce petit traité sont les suivantes[1] :

« Secundum tabulas quoque istas annus incipit in Martio[2] et quelibet dies incipit a medio sui et finitur et terminatur in medio quidem sui. Secundum magistrum P. etc. »

Ordinairement, dans les textes du Moyen Âge, la lettre P représente le mot Petrus. L’auteur de l’introduction aux Tables de Londres serait donc un certain Magister Petrus.

Tout aussitôt vient à la pensée ce Magister Petrus que Bacon

  1. Ms. cit., fol. 67, col. d.
  2. Cette indication est conforme à la liste des Menses christiani et de leurs dies que contient le texte copié sur le verso du premier feuillet de garde et que nous proposons d’attribuer aux Tables de Londres ; cette liste commence par Martius. Les Tables de Marseille faisaient commencer l’année en Janvier.