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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/245

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


nomme en son Opus tertium[1] et dont bien souvent, sans le nommer, il fait un si enthousiaste éloge[2].

De ce Maître Pierre, Bacon nous fait connaître plus complètement le nom ; dans un passage de l’Opus tertium où il parle au pape Clément IV des mathématiciens de ce temps (1267), il s’exprime en ces termes[3] :

« Il n’y en a que deux qui soient parfaits ; ce sont maître Jean de Londres, et un picard, maître Pierre de Maharne-curia. Il y en a deux autres qui sont bons ; ce sont maître Campanus de Novare et maître Nicolas, docteur de Monseigneur Amaury de Montfort ».

Or le picard Pierre de Maricourt, surnommé Pierre le Pèlerin, est demeuré dans l’histoire de la Physique par une de ses œuvres. Le 8 août 1269, du camp où Charles d’Anjou tenait le siège devant Nocera, Petrus Peregrinus Maricurtensis envoyait au chevalier Siger de Foucaucourt une Epistola de magnete où les propriétés essentielles des aimants étaient exposées avec une parfaite clarté ; la première partie de cette lettre mérite d’être citée comme un modèle de l’art de ranger les expériences en une suite logique, et d’en tirer exactement les enseignements qu’elles contiennent[4].

Pierre le Pèlerin qui composait cette lettre en 1269, qu’en 1267, Bacon citait comme le plus sage de Latins, est-il le même que maître Pierre qui, en 1232, dressait les Tables de Londres ? Cette identité est possible ; elle ne parait pas très probable ; elle n’a rien d’assuré.


II
JOANNES DE SACRO-BOSCO

Le mathématicien dont nous allons nous occuper maintenant était anglais et contemporain de l’auteur des Tables de Londres. Il s’appelait Jean et était originaire de Holywood (aujourd’hui Halifax) ; aussi, le latin du Moyen Âge le nomme-t-il Joannes de Sacro-

  1. Rogeri Bacon Opus tertium, cap. XIII (Fratris Rogeri Bacon Opera quœdam hactenus inedita ; éd. Brewer, London, 1859, p. 43).
  2. Rogeri Bacon Opus tertium, capp. XII, XIII et XXXIII ; éd. cit., pp. 41, 46-47, 113. — Fratris Rogeri Bacon Opus majus ad Clementem IV, Pars IV, Dist. II, cap. II ; éd. S. Jebb, p. 70 ; éd. Bridges, t. I, p. 116.
  3. Rogeri Bacon Opus tertium, cap. XI ; éd. cit., pp. 34-35.
  4. La plus récente et la meilleure édition de l’Epistola de magnete est celle qui se trouve dans : Neudrucke von Schriften und Karten über Meteorologie und Erdmagnetismus, herausgegeben von Professor Dr G. Hellmann, no 10, Rara magnetica. Berlin, 1896.