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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/252

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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS

les présentant comme la traduction d’un écrit de Nicolas de Damas ; mais, si nous en croyons Albert le Grand, ces Questions étaient l’œuvre, fort médiocre, de Michel Scot.

Ces Questions sont aujourd’hui perdues.

Toutefois, dans un manuscrit delà Bibliothèque Nationale [1], Barthélemy Hauréau a découvert [2] un fragment qui a pour titre : Extraits du livre de Nicolas le Péripatéticien. — Hæc sunt extracta de libro Nicholai perypatetici. Ce fragment, dit Renan [3], « offre la plus frappante analogie avec une digression du commentaire d’Averroès sur le XIIe livre de la Métaphysique, digression qui forme souvent dans les manuscrits un opuscule séparé, et dont les premiers mots sont : Sermo de quæstionibus quas accepinius a Nicolao, et nos dicemus in his secundum nostrum posse. Ces mots ont disparu dans les éditions imprimées ».

Or cet extrait des Questions de Nicolas le Péripatéticien se réduit à ceci [4] :

« Je dis que le temps est la mesure ou quantité du mouvement, en tant qu’il a un avant et un après. Le mouvement, en effet, est, comme le corps, au nombre des continus ; il faut donc que le mouvement, comme le corps, ait une certaine grandeur ; c’est cette grandeur qu’on appelle temps ou durée. À ce sujet, la doctrine d’Aristote diffère de celle de Platon. Aristote, en effet, en sa qualité de physicien, commence, comme la nature, par les choses les plus humbles ; Platon, à la manière de Dieu, commença par les choses les plus puissantes ; ce fut, en effet, un théologien ; il imite le Seigneur qui a pris, pour commencer, la création la plus forte et la plus noble, la création des anges et des intelligences.

» Tout ciel est sphérique et tout corps sphérique est parfait ; tout ciel est donc parfait ; mais aucun être parfait n’a besoin (indiget) de mouvement ; aucun ciel n’a donc besoin de mouvement. Mais les parties de ce ciel voient les biens qu’elles n’ont pas ; elles sentent que ces biens leur manquent ; alors elles se mettent en mouvement en vue d’acquérir ces biens qu’elles n’ont pas. Or le rapport que le tout a avec le tout, la partie l’a à l’égard de la partie. Notre salut s’accomplit donc dans le repos, tandis que le ciel atteint sa fin par le mouvement de ses parties ; et c’est là ce que dit Averroès. »

1. Bibl. Nat, fonds latin, ms. i6o8<j, fol. i53, v ».

2 Barthélémy Hauréau, De la philosophie scolastique, t. I, pp. 470 seqq.

3. E. RexNAn, Op, laud., pp. iÔ5-ï66.

4. Se méfier de la traduction, riche en contre sens, donnée par Hauréau et reproduite par Renan.

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