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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/254

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L’ASTRONOMIE DES SÉCULIERS


en son entier, est-il un seul corps continu ? Non, répond Michel Scot, mais il est formé d’un certain nombre d’orbes contigus les uns aux autres. Entre deux orbes successifs, il ne peut exister d’intervalle, « car, entre ces deux orbes, il faudrait supposer soit le vide, soit un corps intermédiaire. Ce ne peut être le vide, qui est impossible. Ce ne peut, non plus, être un corps, car il faudrait que ce corps fût ou de nature céleste ou de la nature des éléments. Il ne peut être de nature élémentaire, car il serait corruptible et, dans le Ciel, selon Aristote, au IIe livre de la Métaphysique, rien ne peut changer en mal. Il ne peut davantage être de nature céleste, car alors les orbes qu’on a supposés séparés seraient contigus »… « Il existe un premier ciel absolument uniforme et absolument immobile ; en effet, comme il est sphérique et absolument homogène, il n’y a aucune raison pour qu’il commence à tourner dans un sens plutôt que dans l’autre ; il ne se mettra donc jamais en mouvement et il demeurera toujours immobile… D’ailleurs, comme le premier ciel est le plus noble de tous les corps, il reçoit sans aucun mouvement toute la perfection qu’il peut avoir.

» Le second ciel se nomme la neuvième sphère… Il reçoit de la lumière, mais n’en donne pas. Il est homogène en ce sens que ses parties ne diffèrent pas les unes des autres comme celles de la huitième sphère ; mais il présente une certaine difformité en ce qu’il a une droite et une gauche, ce que n’a pas le premier ciel ; il est donc mobile et son moteur est simple,… en sorte que le ciel qui se trouve au-dessus de la sphère des étoiles se meut d’un mouvement simple et que son moteur est unique

» La troisième sphère est celle des étoiles ; elle est animée de plusieurs mouvements ; certaines parties de cette sphère sont constellées, d’autres non…

» Il faut placer ensuite les sept cieux des astres errants ; à l’égard de ces cieux, les sphères supérieures se comportent comme des âmes par rapport à des corps. Parmi les sept astres errants, le Soleil meut le feu, la Lune meut l’eau, d’autres meuvent l’air… Les étoiles de la huitième sphère meuvent la terre… »

Un peu plus loin, Michel Scot se demande si tous les cieux sont mus par un seul moteur ou par plusieurs moteurs. Il répond que « le mouvement des cieux est réglé par le mouvement du premier mobile, mais au moyen de deux mouvements, dont l’un est un mouvement réglé, et l’autre un mouvement réglant, en sorte qu’il suffit de supposer un moteur unique ». En ce motus regulans, on reconnaît sans peine le mouvement complémentaire qu’Al Bitrogi attribue en propre à chaque sphère, mouvement par lequel elle