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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/255

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


corrige le défaut de la rotation qui lui communique la neuvième sphère[1] ; c’est assurément cette rotation imprimée du dehors que Michel Scot nomme motus regulatus.

Michel Scot ne cite, en cette exposition, aucun autre écrit que la Métaphysique d’Aristote et le De substantia orbis d’Averroès ; mais, visiblement, il subit aussi l’influence de l’Astronomie d’Al Bitrogi ; cette influence, d’ailleurs, n’est ni assez exclusive ni assez puissante pour le sauver de l’illogisme ; en d’autres parties de son écrit, il lui arrive, et cela à plusieurs reprises, d’invoquer l’excentricité de l’orbite solaire.

Nous avons vu Michel Scot attribuer à la sphère étoilée un pouvoir moteur capable d’influencer la terre ; de même, Al Bitrogi reliait au mouvement propre de cette sphère les grandes transformations qui ont mis dans le passé, qui mettront dans l’avenir des continents là où se trouvaient des mors, des mers aux lieux qu’occupaient des continents ; Albert le Grand nous apprendra que d’autres astrologues arabes avaient professé et défendu cette opinion.

Dans une curieuse question, où il invoque l’autorité de ce Liber de causis qui eut si grande vogue auprès des Néo-platoniciens arabes et chrétiens, l’Astrologue de Frédéric II examine « si la première sphère est une cause plus puissante de génération et de corruption que les astres errants qui se trouvent sur l’écliptique ». Michel Scot pense que les générations et les corruptions dont le monde sublunaire est le théâtre sont surtout soumises aux influences des astres errants. La sphère supérieure, lorsqu’elle meut les sphères inférieures et les astres qu’elles renferment, engendre lu continuité ; elle pourra, de même, produire des transformations dans le monde des éléments ; mais l’uniformité de sa disposition par rapport à ce monde l’empêchera d’y produire alternativement des effets opposés, comme la génération et la corruption.

Les événements brusques et discontinus qui se produisent en ce monde, les années alternatives d’abondance ou de stérilité, les pestes et les guerres dépendront du cours des astres errants et, surtout, de leurs dispositions relatives, telles que leurs conjonctions et leurs oppositions.

En cette question, nous reconnaissons une doctrine qu’Aristote avait déjà développée dans un chapitre, le dixième, du second livre De la génération et de la corruption. Les Questions sur la Sphère de Michel Scot montrent avec évidence l’emprise de la Physique péripatéticienne sur l’Astronomie.

  1. Voir : Première partie, Ch. XII, § VI ; t. II, p. 152.