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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/333

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

De la figure » de Campanus, nous ne donnerions pas une esquisse ressemblante si nous ne représentions en lui que le théoricien, uniquement soucieux des mouvements des planètes ou des étoiles fixes. Le chapelain d’Urbain IV et de Boniface VIII n’accordait pas un moindre intérêt au perfectionnement des divers instruments astronomiques. Non seulement on lui attribue un traité sur la construction et les usages de la sphère solide, mais, parmi ses écrits, celui qui eut le plus de vogue, si l’on en juge par le nombre des copies manuscrites qu’on en possède, est un certain Tractatiis de quadrant e composite. Sous le nom à’instrumentum Campcmi, ce cadran composé fut fort employé par les astronomes parisiens.

Simon de Gênes, qui est lui-même chanoine de Rouen, donne à Campanus le titre de chanoine de Paris. Ce titre n’indique pas nécessairement que Campanus ait jamais résidé au lieu de son canonicat. Il rend toutefois vraisemblable la supposition que l’astronome de Novare ait passé quelques années de sa vie à Paris.

D’autres raisons augmentent la vraisemblance de cette hypothèse ; c’est, d’une part, la séduction que la resplendissante Université de Paris exerçait alors sur tous ceux qui aimaient les sciences et la Philosophie ; c’est, d’autre part, l’influence que Campanus paraît avoir exercée à Paris. Les astronomes parisiens de la fin du xme siècle, un Guillaume de Saint-Cloud par exemple, semblent suivre très exactement la voie dans laquelle a marché Campanus, tandis qu’en Italie, nul ne prend une telle route. Si Campanus n’a pas habité Paris, c’est cependant à Paris qu’il a fait école.

Avec Campanus, nous l’avons dit, l’Astronomie de la Chrétienté latine est vraiment hors de page ; elle n’a plus rien à recevoir de la science grecque ou arabe ; bientôt l’Ecole de Paris produira des observateurs capables de se mesurer avec les maîtres arabes ; tel sera, par exemple, Guillaume de Saint-Cloud. Mais, en même temps que la technique ira se perfectionnant, les principes mêmes des théories astronomiques donneront lieu à de grands débats entre philosophes ; ces débats seront également ardents dans l’Ecole dominicaine et dans l’École franciscaine ; l’heure est venue pour nous d’en retracer l’histoire.