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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/334

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CHAPITRE VI
L’ASTRONOMIE DES DOMINICAINS

I
ALBERT LE GRAND

Après que Michel Scot eût donné ses traductions, on vit se répandre rapidement, au sein de la Scolastique latine, les attaques d’Averroès contre les excentriques et les épicycles de Ptolémée ; on vit se propager le système astronomique, uniquement composé de sphères homocentriques, auquel Al Bitrogi avait donné son nom. Déjà, vers 1230, Guillaume d’Auvergne adoptait certains des principes essentiels d’Alpétragius, et, peu après, Robert Grosse-Teste éprouvait la tentation de suivre la doctrine de cet arabe.

Les astronomes de profession, cependant, se montraient assez indifférents à la querelle qu’Averroès avait menée avec une ardeur passionnée. Imaginer des instruments propres à observer le cours des astres, construire des tables qui permissent de prévoir, à chaque instant, la position de chaque planète, telle leur semblait être la besogne propre de l’Astronomie. Les principes de Ptolémée, retouchés par Al Zarkali, leur donnaient le moyen d’accomplir cette besogne ; les principes d’Alpétragius n’avaient pas été poussés assez avant pour leur fournir, à cet égard, aucune ressource. Ils suivaient donc docilement l’enseignement de Ptolémée et n’accordaient qu’une brève mention à la querelle que les physiciens cherchaient aux mathématiciens. Parfois, comme Campanus de Novare, il ne paraissaient même pas soupçonner l’existence de cette querelle.