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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/337

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


que sur un mobile médiat… Si l’on veut dire qu’il en est ainsi, qu’on se garde bien, par ce premier moteur, d’entendre Dieu même, dont la puissance n’est jamais achevée ni jamais eu défaut, qu’elle soit appliquée à un mobile immédiat ou à un mobile médiat, mais, en tout mobile, demeure infinie. Qu’on entende donc par premier moteur une vertu que Dieu a créée et infusée au premier mobile. Celui-ci étend sa puissance motrice à chaque mobile, d’autant plus fortement que ce dernier lui est plus immédiat ».

Albert le Grand a grandement contribué à faire connaître le système d’Al Bitrogi, sous cette forme réduite et simplifiée à l’excès, aux écoles du Moyen Age et, particulièrement, aux écoles dominicaines ; dans celles-ci, comme nous le verrons, les écrits de l’Evêque de Ratisbonne étaient en effet, très lus et fort discutés.

Mais venons à ce qu’Albert, eu commentant le Traité du Ciel et du Monde, nous fait connaître de la Théorie des planètes d’Alpétragius.

« Alpétrans Abuysac » réduit à neuf le nombre des sphères célestes [1] et, contrairement à l’avis de Ptolémée, il place l’orbe de Vénus au-dessus de l’orbe du Soleil ».

« Ces neuf orbites [2], toutes concentriques à la terre, sont toutes mues d’Orient en Occident par le premier moteur ; elles n’ont point d’autre moteur ; et comme un moteur unique et simple ne peut produire qu’un seul mouvement, il faut que chacune de ces orbites ait un seul mouvement ; mais ce mouvement est plus fort dans l’orbite qui est immédiatement contiguë au moteur et plus faible dans une orbite plus éloignée ; …lorsque le premier mobile a terminé sa révolution, le second n’a pas encore achevé la sienne…, en sorte que si l’on descend de sphère en sphère, le mouvement se montre toujours plus lent dans la sphère inférieure que dans la sphère supérieure, à cause de la distance plus grande qui la sépare du premier moteur… Ces retards donnent aux planètes un mouvement apparent d’Occident en Orient ; ce déplacement 11’est pas l’effet d’un mouvement réel, mais bien plutôt du retard que le mouvement de la sphère inférieure a sur le mouvement de la sphère supérieure. »

Il n’est ici question ni des pôles particuliers à chaque orbe m de la révolution propre à cet orbe.

1. Alberti Magni De Cœlo et Mundo liber secundus ; tract. III, cap. XI.

2. Alberti Magxî De Cœlo et Mundo liber primus ; tract. TH, cap. V.

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