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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/387

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


habitable, comme on le voit évidemment par ce qui a été dit précédemment ; maintenant, en effet, la région australe est inhabitable à cause de la petitesse du rayon vecteur de la partie de l’orbe du Soleil qui se trouve dans les signes méridionaux.

» D’autre part, Thébith, qui a repris l’œuvre de Ptolémée, a trouvé, par des observations exactes, que le mouvement des étoiles fixes était tout autre. ,

» Pour comprendre ce mouvement, nous devons, à son avis, imaginer au firmament, qui est la neuvième sphère, un Zodiaque composé de douze signes ; nous devons le diviser en quatre parties égales par deux points équinoxiaux et deux points solsticiaux ; nous devons imaginer également qu’un Bélier et une Balance commencent aux points équinoxiaux, un Cancer et un Capricorne aux points solsticiaux ; ce Zodiaque imaginaire est appelé Zodiaque fixe ; les douze signes de ce Zodiaque seront seulement dans la sphère du firmament ou dans la neuvième sphère que Thébith nomme firmament.

» Sous le firmament, c’est-à-dire sous la neuvième sphère, est la sphère des étoiles fixes, dans laquelle nous imaginerons, selon cet auteur, un Zodiaque, numériquement différent du précédent, que forment douze constellations composées d’étoiles ; ce dernier cercle est, plus proprement, nommé Zodiaque, de zoon, qui signifie animal, à cause des animaux que représentent les constellations dont il est formé.

» Ces préliminaires posés, prenons pour centre la tête du Bélier fixe, et, sur ce centre, décrivons un cercle qui occupe[1], [suivant son diamètre] 8° 37′ 26″ ; sur la tête de la Balance fixe, décrivons un second cercle égal à celui-là ; imaginons que la tête du Bélier et la tête de la Balance des constellations tournent sur les deux circonférences de ces deux cercles. Les têtes du Bélier et de la Balance des constellations se meuvent sur lesdites circonférences dans le sens même où se meut le firmament, de telle manière que la tête du Bélier, lorsqu’elle est en la partie septentrionale [de la circonférence qu’elle décrit], se meut dans le même sens que le mouvement du firmament, c’est-à-dire de la neuvième sphère, et parcourt, en douze ans, à peu près 1° 2′[2] ; lorsqu’elle

  1. Nous sommes obligés de rétablir tous les nombres d’après le Tractatus de motu octavœ sphœrœtt de Thâbit ben Kourrah ; par la faute du copiste, sans doute, les nombres donnés par Bernard de Trille sont inadmissibles et incohérents ; nous les reproduirons en note. Ici, le texte porte : « 8 gradibus et 22 minutis 37 »
  2. Plus exactement, 1° 1′ 39″ ; le texte porte : « uno gradu et 22 minutis fere ».