marcherait à l’encontre de ce qui, au temps où il vivait, constituait
le progrès de la Science ; il était, cependant, homme de science ;
il l’était plus que Bernard de Trille et plus qu’Albert ; il ne voyait
pasqu’autour de lui, les astronomes se préparaient à délaisser l’hvpothése
d’un simple mouvement d’accès et de recès, admis par
Al Zarkali et par les Tables de Tolède, pour composer ce mouvement
avec une précession de sens invariable ; mais plus clairvoyant
en Optique qu’en Astronomie, Thierry allait, par ses
recherches sur l’arc-en-ciel, frayer la voie à Descartes.
Le commentaire au De Cælo, où Saint Thomas d’Aquin nous laisse entrevoir ses hésitations au sujet des doctrines astronomiques, est une des dernières œuvres du Docteur Angélique, qui mourut en 1274. Or, durant le dernier quart du treizième siècle, de grands changements se sont produits dans la position que les systènles astronomiques occupent l’un par rapport à l’autre. Au temps de Thomas d’Aquin et de Roger Bacon, l’action est engagée entre la théorie des mathématiciens et la théorie des physiciens, et la victoire demeure indécise. Au moment où s’achève le xiiie siècle, le sort des deux théories est fixé ; les physiciens ont perdu la bataille ; battue eu brèche de toutes parts, la philosophie d’Aristote et d’Averroès n’a pu garder les positions d’où elle déliait les contradictions de la Science expérimentale ; Bernard de Trille nous l’a dit : La plupart des hommes d’étude, et les meilleurs, mit abandonné le parti des physiciens pour soutenir celui des mathématiciens.
La lecture des teuvres de l’École franciscaine nous fera connaître, au prochain chapitre, quelques-unes des péripéties du combat. Dès maintenant, Thierry de Freiberg va nous faire entendre le langage qu’on tenait dans le parti victorieux.
De la vie de Thierry de Freiberg ou de Saxe, nous connaissons un petit nombre de faits datés avec certitude[1].
- ↑ Engelbert Krebs, Meister Dietrich (Theodorirus Teutonicus de Vriberg) Sein Leben, seine Werke, seine Wissenschaft. (Beiträge Zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters. Texte und Untersuchungen, herausgegeben von Clemens Bäuniker und Georg Freih. von Hertling, Bd. V, Heft 5-6, Münster, 1906).