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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/391

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

De ces faits, le plus important est, sans contredit, celui que le chevalier Giambattista Venturi révéla en 1814 aux historiens de la Science[1] : Dès le début du xzve siècle, l’explication des deux arcs-en-ciel par la réflexion simple ou multiple du rayon lumineux au sein d’une goutte d’eau sphérique avait été très exactement donnée et très ingénieusement soumise au contrôle de l’expérience. Cette explication se trouvait consignée dans un traité manuscrit que conservait la Bibliothèque de Bâle. Du prologue de ce traité, Venturi nous fait connaître le début[2] :

« Reverendo in Christo Patri Fr. Aymerico Magistro Ordinis Fratrum Prædictorum Fr. Theodoricus ejusdem ordinis Provinciæ Theutonicæ, Theologicæ facultatis qualitercunque professor. »

Peu après la phrase que nous venons de reproduire, se trouve celle-ci :

« Placuit Reverentiæ vestræ et ad hoc me hortabamini, cum apud vos Tholosæ essem in Capitula generali ut quod de causis et modo generationis et apparitionis Iridis et aërarum impressionum, quæ fiunt in alto hujus elementaris regionis, conceperam, scripto mandarem… Feci ergo, Pater, quod mandatis… Ratione autem majoris evidentiæ, tractatus præsens, qui De radialibus impressionibus intitulatur, in quatuor partes distinguitur. »

Ces quelques lignes nous apportent de précieux renseignements.

Fr. Thierry, de l’ordre des Frères prêcheurs de la province’ d’Allemagne, assistait au Chapitre général de l’Ordre tenu à Toulouse en 1304. Il y rencontra Aymeric de Plaisance, que ce chapitre élut maître général de l’Ordre. Aymeric l’invita à mettre par écrit ses idées sur la théorie de Farc-en-ciel. Cette demande suscita le Tractatus de iride et radialibus impressionibus ; ce traité, Thierry l’envoie à Aymeric, Maître général de l’Ordre ; cet envoi est donc antérieur à l’an 1311, pendant lequel Aymeric déposa sa haute fonction ; au moment de cet envoi, Thierry était professeur en la Faculté de Théologie de Paris.

Autour de ce premier noyau de données, d’autres renseignements vont venir se grouper.

Le Traité de l’arc-en-ciel que Venturi a découvert et résumé se trouve[3] dans un manuscrit de la Bibliothèque de.Leipzig ; il y

  1. Commentari supra la Sloria e le Teorie dell’ Ottica del Cavalière Giambattista Venturi Reggiano. Tomo primo, Bologna, 1814. III. Dell’ Iride, degli aloni e de pitregli. pp. 142-246.
  2. Venturi, Op. laud., p. 151.
  3. Krebs, Op. laud., p. 26.