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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/40

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L’INITIATION DES BARBARES


Mercure à Vénus, un demi-ton ; de Vénus au Soleil, trois demi-tons ; du Soleil à Mars, un ton ; de Mars à Jupiter, un demi-ton ; de Jupiter à Saturne, un demi-ton ; enfin de Saturne à la sphère des Signes, trois demi-tons. « Tous ces intervalles, ajoutés les uns aux autres, forment sept tons ». Ces nombres sont textuellement empruntés à Pline ; Honoré lisait, avec autant de confiance que Bède, l’Histoire naturelle du grand compilateur latin.

Au sujet de la marée, voici ce qu’écrit l’auteur [1] :

« La marée, c’est-à-dire le flux et le reflux de l’Océan, suit la Lune, dont l’aspiration la tire après elle et l’impulsion la refoule. On dit que, deux fois par jour, l’Océan afflue et se retire, et c’est ce qui parait. Il monte ou descend selon que la Lune monte ou descend. Lorsque la Lune est en un équinoxe, les flots de l’Océan s’élèvent davantage à cause du voisinage de la Lune ; lorsqu’elle est au solstice, ils s’élèvent moins à cause de l’éloignement de cet astre. Au bout de dix-neuf ans à partir du principe du mouvement, les marées reprennent, comme la Lune, des accroissements égaux. » Honorius parle ensuite d’un gouffre qui absorbe les eaux ou les rejette selon que la Lune s’abaisse ou s’élève.

Nous pourrions être embarrassés pour reconnaître d’où ces renseignements ont été extraits, si l’allusion au cycle métonique de dix-neuf années ne nous avertissait que le traité De ratione temporum, composé par Bède, en est la source. Le second livre du De imagine mundi est, d’ailleurs, une sorte de résumé de cette œuvre du Moine de Wearmouth.

Le De imagine mundi fut, certainement, très lu au Moyen Âge. Il donna son titre et une constante inspiration à l’Image du monde [2], qu’un certain Gautier ou, plus probablement, Gossuin de Metz, composa en vers français.

La langue de ce poème est le dialecte lorrain fortement altéré par le langage littéraire de l’Ile-de-France. L’auteur en fit successivement trois rédactions : « L’auteur de l’Image du Monde [3], qui conçut l’idée de cette composition en 1246, a terminé la première rédaction de son ouvrage le 6 janvier 1247 (vieux style) — c’est-à-dire 1248 s’il comptait, quoique lorrain, d’après le style de France — pour le comte Robert d’Artois. Il parait très possible qu il ait accompagné ensuite ce comte, son protecteur, en Orient ; et de là, dans la seconde rédaction, refondue d’un bout à l’autre,

1. De imagine mundi lib. I. Ap. Opusc., cap. XXII : De aqua. Ap. Patrol., cap. XL.

2. Ch.-V. Langlois, La connaissance de la Nature et du Monde au Moyen Age d’après quelques écrits français à Vusage des laïcs. Paris, 1911, pp. 49-113.

3. Ch.-V. Langlois, Op. laud., pp. 62-63.

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