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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/414

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS

« Voici ce qu’il faut dire à ce sujet : Les astres sont-ils placés dans le firmament de telle manière ou de telle autre ? Chacun d’eux est-il fixé dans son orbe ou bien se meut-il par lui-même ? L’examen de cette question doit-il être laissé à ceux qui s’occupent spécialement de ces sujets, tout en supposant la vérité de ce ver assuré par les textes de l’Écriture, il faudrait adhérer à ce parti ». Liberté donc aux astronomes de disputer entre eux au sujet des divers systèmes, là où les Saintes Lettres n’imposent pas une doctrine déterminée.


III
SAINT BONAVENTURE

À cet Alexandre de Haies dont toute la gloire, peut-être, est d’avoir prêté son nom à une Somme qu’il n’avait point écrite, faisons succéder son illustre disciple Saint Bonaventure.

Né en 1221 à Bagnorea, en Toscane, Jean Fidanza prit le nom de Bonaventure en revêtant l’habit franciscain. En 1242, il vint à Paris suivre les études de son ordre, études auxquelles Alexandre de Haies présidait ; Guillaume d’Auvergne était alors évêque de Paris. En 1248, il reçut la licentia publice legendi à l’Université parisienne ; en cette même année, il commença la rédaction de ses commentaires aux Quatre livres des Sentences de Pierre Lombard. Général de son ordre en 1257, cardinal en 1273, le Docteur séraphique mourut à Lyon, en 1274, pendant les sessions du concile ; son saint émule Thomas d’Aquin l’avait, de quelques semaines, précédé dans la mort.

C’est en commentant ce que le Maître des Sentences a dit de la création du Ciel que Bonaventure trouve occasion de développer ses pensées au sujet de l’Astronomie[1].

Bonaventure expose le différend qui s’est élevé entre les mathématiciens, partisans du système de Ptolémée, et les physiciens, défenseurs du système d’Aristote ; mais pour lui, comme pour Guillaume d’Auvergne, le point essentiel du débat est celui-ci : Les physiciens enseignent que chaque astre est incrusté dans son orbe et ne peut avoir d’autre mouvement que celui qui emporte

  1. Celebratissimi Patris Domini Bonaventuræ Doctoris Spraphici In secundum librum Sententiarum disputata ; dist. XIV, pars. II, quæst. II : Utrum luminaris moveantur in orbibus suis motibus propriis.