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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/418

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


IV
ROGER BACON. LE Traité du calendrier. L’Opus majus

Nous avons déjà entendu[1] l’enseignement de Roger Bacon, alors que, simple maître ès arts, il commentait, à l’Université de Paris, la Physique et la Métaphysique d’Aristote ; cet enseignement nous a semblé fort pauvre de connaissances astronomiques, presque aussi pauvre que celui d’Alexandre de Hales ou que celui de Saint Bonaventure.

Le Bacon dont nous allons maintenant lire les œuvres a, des des choses du ciel, une science tout autrement profonde et étendue. C’est qu’il est allé à Oxford revêtir la bure des Mineurs, et que, dans leur couvent, il a trouvé les études en pleine floraison, grâce à l’influence de deux hommes dont, bien souvent, ses louanges uniront les noms : Robert Grosse-Tête, évêque de Lincoln, et frère Adam de Marsh.

La lecture des opuscules de ces deux savants a révélé à Roger Bacon les principes de l’Astronomie ; elle l’a initié à cette science où ses études ultérieures lui feront accomplir d’incessants et rapides progrès.

Constamment occupé par la solution d’un certain nombre de problèmes, Roger Bacon se hâte de faire connaître au pape, lorsqu’il ne peut la rendre publique, la solution qu’il pense avoir trouvée de chacun de ces problèmes ; mais tout aussitôt, à son intelligence toujours désireuse de plus de clarté, de plus d’unité, cette solution semble imparfaite ; il la reprend alors pour la rendre plus complète, pour la mieux relier aux solutions des autres problèmes qui hantent sa pensée ; aussi, en chacun des écrits que son inlassable activité et son inépuisable fécondité précipitent les uns sur les autres, reprend-il, pour les retoucher, les perfectionner, les transformer, les exposés qu’il avait donnés dans ses écrits précédents. Pour suivre l’évolution de cette pensée toujours en travail et toujours en progrès, il nous faut examiner successivement, et dans l’ordre même où ils ont été produits, les divers ouvrages où elle est venue se fixer pour un bref moment.

Roger Bacon est un fidèle disciple de Robert Grosse-Teste ; dans ses écrits, il cite fréquemment le nom de ce maître, en l’accompagnant des éloges les plus flatteurs ; on ne saurait donc s’étonner de reconnaître, dans la pensée de Bacon, la marque

  1. Voir : Seconde partie, Ch V. § V ; ce tome, pp. 260-277.