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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/422

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


peu près textuellement, tout ce qu’il dit [1] des dimensions des divers orbes. Gomme Al Fergani, il attribue à chaque planète un orbe compris entre deux sphères concentriques au Monde ; l’une de ces sphères a pour rayon la distance de l’apogée de la planète au centre de l’Univers ; l’autre a pour rayon l’écart entre ce même centre et le périgée de la planète. Chaque orbe est immédiatement contigu à l’orbe de la planète précédente et à l’orbe de la planète suivante.

À côté de ces passages de l’Opus majus où Roger Bacon s’exprime en disciple de Ptolémée et de ses commentateurs arabes, il en est qui semblent écrits par un partisan du système des sphères homocentriques. Il y a plus ; l’autorité de Ptolémée et celle de ses adversaires acharnés, Averroès et Al Bitrogi, sont invoquées dans un même passage [2], et presque dans une même phrase ; il s’agit, il est vrai, d’un bien étrange projet :

« Les Mathématiques peuvent construire un astrolabe sphérique dans lequel se trouve décrit tout ce que l’homme a besoin de connaître îles phénomènes célestes, où les cercles et les étoiles occupent des positions exactes tant en longitude qu’en latitude ; il suffit de suivre l’artifice indiqué par Ptolémée au huitième livre de l’Almageste ; je veux dire par un artifice semblable, et non tout à fait par ce procédé-là, car il y faut un peu plus de soin. Mais qu’un tel instrument se meuve par l’effet du mouvement diurne, voilà qui n’est plus au pouvoir de la Mathématique. Cependant, l’expérimentateur parfait peut rechercher les moyens de produire un tel mouvement ; il est poussé vers cette recherche par une foule d’objets qui suivent le mouvement des corps célestes. Tels sont, en premier lieu, les trois éléments, qui sont animés d’un mouvement de rotation engendré par l’influence céleste, selon l’enseignement d’Alpharagius (Alpétragius), dans son livre des mouvements célestes, et d’Averroès au premier livre Du Ciel et du Monde. »

L’indécision entre les divers systèmes qui se partagent les esprits des doctes, l’acceptation successive ou simultanée de chacun d eux nous paraissent caractériser, dans l’Opus majus, l’œuvre astronomique de Roger Bacon. Nous aurons un exemple de cette

1. Rogeri Bacon Optts ma jus, ë<iit. Jebb, pp. i43-i7/| ; éd. Bridges, vol. ï, pp. 227-229. » ...

2. Rogeri Bacon Opas sexta Inijus persuasion !» et eliam sexat pars Majoris Operis. De scientia experimental 1 ; .Capituluin de secunda prerogativa scieuliæ experimentalîs ; exemplum 1 ; édit. Jebb, p. 465 ; éd. Bridges, vol. Il, pp. 2û2-2o3. — Cf. : Epistola Fratris Rogeri Baconis de secretis uperibus artis et natarœ et de multitate magiœ ; Cap. VI : De experimentis rnirabilibus ; éd. Brewer, p. 537.

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