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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/428

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


férents ; c’est un de mes écrits les plus importants (lang|la|et hoc est unum de majoribus quæ scripsi) ».

Il serait bien intéressant, pour notre objet, de connaître ce traité De cæleslibus qui se trouvait inséré dans l’Opus minus et, en particulier, ce que Bacon y pouvait dire des systèmes astronomiques. Or, nous croyons avoir retrouvé le fragment de ce traité où les théories d’Alpétragius et de Ptolémée étaient comparées l’une à l’autre ; nous allons dire comment.

À titre de couronnement de ses travaux, Bacon avait écrit, ou commencé d’écrire, un vaste ouvrage où il se proposait d’exposer les principes généraux de la Physique ; Communia naturalium est le titre que le savant Franciscain donnait à cet ouvrage. Divers manuscrits nous ont conservé un fragment très étendu de ce traité de Physique[1] ; peut-être même nous en gardent-ils tout ce que Bacon en avait rédigé’.

Pour composer cet ample exposé de la Physique, Bacon se servait, cela va de soi, de ses écrits antérieurs ; il en reprenait les diverses parties qu’il modifiait, résumait ou étendait jusqu’à ce qu’elles lui parussent aptes à prendre place en l’ouvrage qu’il avait conçu.

C’est ainsi qu’en l’appareil du premier livre des Communia naturalium, nous reconnaissons maint fragment , plus ou moins retaillé de l’Opus majus. Les matériaux fournis par l’Opus tertium ont été, plus immédiatement encore, employés à la construction du nouvel édifice ; parfois, ils portent encore la marque de leur première origine en des phrases telles que celles-ci : « In hoc Opera tertio ». Avant que ne fût connue la partie de l’Opus tertium à laquelle ces fragments ont été empruntés, ces indices si nets avaient pu induire en erreur un érudit comme Émile Charles, et lui faire prendre les Communia naturalium pour un débris de l’Opus tertium.

Ce procédé de composition des Communia naturalium, qui en fait une sorte de mosaïque de chapitres empruntés plus ou moins textuellement aux anciens écrits de Bacon, est particulièrement net en la partie qui termine l’ouvrage ou, pour parler plus exactement, qui termine ce que le manuscrit de la Bibliothèque Mazarine conserve de cet ouvrage ; nous voulons parler de la cinquième partie du second livre.

  1. Entre autres le ms. 3.576 de la Bibliothèque Mazarine, qui est celui que nous avons consulté. — Depuis ce moment, les Communia naturalium ont été publiés par M. Robert Steele. La partie de cette publication qui nous intéresse ici est la suivante : Opera hactenus inedita Rogeri Baconi. Fasc. IV. Liber secundus communium naturalium Fratris Rogeri. De celestibus. Partes quinque edidit Robert Steele. Oxonii, MCMXIII.