comme ils disent, se trouver en défaut dans la solution de quelque
sophisme difficile que de supposer sciemment ce qui est contraire
à la Nature ; Aristote dit, en effet, que les savants sont quelquefois
en défaut lorsqu’il s’agit de ‘résoudre des subtilités de Physique.
— Dicunt quod melius est salvare ordinem Naturæ et sensui contradicere,
qui multotiens déficit, et præcipue ex magna distantia,
atque melius est, ut dicunt, deficere in solutione alicujus sophismatis
difficilis quam scienter ponere contrarium Naturæ ; nam Aristoteles
dicit quod sapientes aliquando deficiunt in dissolutione
physicorum subtilium ».
Contre un si aveugle attachement à la Physique d’Aristote, la Logique d’Aristote proteste ; expression précisée du bon sens, elle s’accorde avec lui pour témoigner qu’aucune proposition de Philosophie ne peut prétendre à la certitude en dépit du témoignage de la perception sensible.
C’est qu’en effet, l’auteur des Seconds analytiques a traité avec une pleine maîtrise de la méthode expérimentale ; admirablement, il a décrit cette méthode qui raisonne à partir de principes tirés de l’expérience par l’induction, et qui soumet ses conclusions au contrôle de l’expérience, en sorte que si l’expérience est au point de départ comme au point d’arrivée, c’est parle raisonnement que ces deux termes sont reliés l’un à l’autre. Bacon a chanté les louanges de la science expérimentale ; il n’a jamais pratiqué ni, sans doute, jamais bien compris la méthode expérimentale ; la science expérimentale n’a pas été, pour lui, la science qui raisonne sur des vérités fournies par l’expérience, pour en déduire d’autres vérités susceptibles d’être, à leur tour, observées ; elle a été la science qui méprise le raisonnement et le remplace par l’observation (certificatio) : « Novit[1] enim quod argumentum persuadet de veritate, sed non certificat ; ideoque negligit argumenta ».
Le Picard Pierre de Maricourt, qui était un contemporain de Roger Bacon et que Roger Bacon admirait fort, a très exactement connu la méthode expérimentale ; dans la première partie de sa Lettre sur l’aimant, il en a donné un modèle digne d’être à jamais admiré. Aussi croyons-nous volontiers Bacon lorsqu’il nous dit[2] que, des Latins ses contemporains, Maître Pierre est le seul qui comprenne les principes de l’étude expérimentale de l’arc-enciel.
Thierry de Freiberg, qui a vécu peu après Bacon, a non moins