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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/465

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

« Toutes les étoiles, dit-il[1], se meuvent entraînées par le mouvement d’un même orbe et, [en outre du mouvement diurne], elles ont un mouvement propre.

» Qu’elles se meuvent par le mouvement d’une même orbite, cela est rendu manifeste par ce fait qu’elles ont aujourd’hui, les unes par rapport aux autres, et en tout sens, le même éloignement ou la même proximité » que dans l’Antiquité.

» D’autre part, les observations montrent qu’elles ne demeurent pas toujours à la même distance des points équinoxiaux ; Abrachis (Hipparque) a trouvé que le Cœur du lion était à une distance de 119° 40′ du point équinoxial de printemps ; pour cette même distance, Ptolémée a trouvé 122° 30′, Thesbith 133° 12′, Albatégni 84° 30′, Arzachel 89° 49′.

» Pour la distance de l’apogée du Soleil au même point vernal, Abrachis a trouvé 64° 30′, Ptolémée 68° 20′, Thesbith 81° 39′, Albatégni 84° 30′, Arzachel 137° 40′.

» Ces observations montrent que les étoiles ont un mouvement différent de ce premier mouvement qu’on nomme mouvement du premier mobile ».

Quelle est la loi de ce mouvement ?

On constate aisément[2] qu’il ne consiste point en une révolution autour des pôles du premier mobile, mais bien en une révolution autour des pôles du Zodiaque.

« On a trouvé, toutefois[3], et cela se reconnaît évidemment lorsque l’on compare les observations successives, que le mouvement de l’apogée solaire n’est pas identique au mouvement des étoiles fixes ; l’apogée se meut plus vite que les étoiles fixes[4] ; en outre, on constate que les étoiles s’éloignent de chacun des deux tropiques avec des vitesses différentes.

» Thesbith suppose que ce mouvement est un mouvement alternatif, qu’il consiste en un premier mouvement, dont l’amplitude est 10°, d’un point équinoxial vers le point solsticial qui le suit, puis d’un second mouvement, ayant également une amplitude de

  1. Fratris Bernardi de Virduno Tractatus super totam Astrolagiam, tract. VI, cap. II.
  2. Bernardi de Virduno, Op. laud., tract. cit., cap. III.
  3. Bernardi de Virduno, Op. laud., tract, cit., cap. IV.
  4. Dans le Cod. 7.333 lat. de la Bibliothèque Nationale, il y a retro stellarum fixarum ; il faut alors supposer que Bernard de Verdun veut parler du mouvement accompli chaque jour par l’apogée et par les étoiles, par l’effet combiné du mouvement diurne et du mouvement de précession ; on peut encore — et d’autres passages de Bernard de Verdun nous y autorisent — traduire ainsi ces mots : par rapport aux étoiles fixes.