Aller au contenu

Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
464
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

« Nous avons supposé que les mêmes pôles fussent communs à la neuvième sphère et à la huitième. Cela paraît plus convenable tant à cause de l’uniformité des mouvements essentiels de ces deux sphères qu’à cause du sens à droite et du sens à gauche qui, nécessairement, leurs sont communs à toutes deux. »

Il est vrai que notre auteur conçoit, des pôles, une notion si singulière !

« Cela est vrai, poursuit-il, soit qu’on nomme pôles deux points diamétralement opposés, dans chacune de ces deux sphères, soit qu’on nomme pôles des cercles qui s’étendent en rond depuis ces points jusqu’aux pôles du Zodiaque (sive circuli a prædictis punctis usque ad polos zodiaci circumferenter porrecti). » Ce que signifie ce dernier membre de phrase, nous serions peut-être embarrassés pour le deviner, si nous ne trouvions, quelques lignes plus loin, cette définition : « Les pôles du Zodiaque, aussi bien ceux qui font partie du firmament mobile que ceux qui appartiennent à la neuvième sphère, dessinent, par leur mouvement autour des pôles du Monde, de très petits cercles, qu’on appelle également pôles. »

Or, celui qui écrit cette phrase vient de dire : « La distance des pôles du Monde aux pôles du Zodiaque est égale à la plus grande déclinaison du Soleil. » En outre, il a déclaré que Ptolémée évaluait cette plus grande déclinaison à 23° 50′ et Alhazen à 23° 35′. Nous pouvons, je crois, sans le calomnier, déclarer qu’il ne comprenait rien aux choses de l’Astronomie et de la Géométrie ; assurément, il ne méritait pas qu’on le prît pour Robert Grosse-Teste.

Notre auteur admet l’existence de dix sphères célestes. La dixième est un Empyrée immobile ; c’est le terme fixe par rapport auquel ou peut juger du repos ou du mouvement des autres corps[1].

« Qu’il existe une neuvième sphère[2], Avenalpetras s’efforce de le démontrer par un grand nombre de raisons. » Ces raisons, on nous les présente sous la forme suivante[3] :

« Selon Avenalpetras, comme le premier moteur est le plus simple, il donne le mouvement le plus simple, c’est-à-dire un mouvement uniforme et unique. Or, suivant Aristote aussi bien que suivant Ptolémée, la huitième sphère ne se meut pas d’un mouvement unique ; elle se meut de deux mouvements.

  1. Lincolniensis Summa, Cap. CCXIII et CCXIV ; éd. Baur, pp. 544-548.
  2. Lincolniensis Summa, Cap. CCXIII ; éd. Baur, p. 544.
  3. Lincolniensis Summa, Cap. CCXV ; éd. Baur, p. 549.