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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/490

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


même ; il y aura donc un autre corps plus élevé, mû du mouvement diurne, »

Ce dernier argument, c’est évident, n’a de sens que pour qui attribue aux étoiles fixes, outre le mouvement diurne, le double mouvement considéré par le Liber de elementis, par Albert le Grand, par les Tables alphonsines.

« Réponse : Comme nous l’avons dit ci-dessus, au premier chapitre, certains admettent qu’il existe onze orbes célestes ; ils admettent que l’orbe immédiatement contigu au ciel étoilé se meut d’un mouvement propre, qui est le mouvement d’accès et de recès ; le dixième orbe, à leur avis, se meut du mouvement diurne ; enfin le onzième orbe est entièrement immobile. » Bien que notre auteur ne le dise pas, ces astronomes admettent évidemment que le mouvement propre du ciel étoilé est le mouvement de précession continuellement dirigé d’Occident en Orient ; ils intervertissent les mouvements attribués au huitième ciel et au neuvième ciel par Albert le Grand et par les Tables alphonsines.

« D’autres admettent dix[1] orbes, et ils supposent, en même temps, que le dixième, qui est l’Empyrée, est en mouvement ; cela va directement contre Bède. »

Cette opinion, qui suppose dix cieux mobiles et nie tout Empyrée immobile, est précisément celle d’Albert le Grand.

« D’autres, enfin, n’admettent que dix orbes ; ils supposent que le dixième demeure immobile, que le neuvième se meut du mouvement diurne ou équinoxial qui en est le mouvement propre ; mais ce mouvement diurne n’est propre ni au ciel étoilé ni aux orbes inférieurs, qui reçoivent tous le mouvement diurne par l’entrainement de ce ciel invisible ; ils disent,en outre, que le très lent mouvement d’accès et de recès de la huitième sphère en est le mouvement propre. »

Ce dernier système concilie l’existence- d’un Empyrée immobile avec les neuf cieux mobiles qu’admettaient Thâbit ben Kourrah et ses partisans.

« De ces diverses suppositions, conclut notre auteur, quelle est la plus vraie ? Cela est fort douteux, et je laisse au lecteur le soin de le discerner. — Que istarum positionum verior sit, quod ambiguum est valde, lectoris relinquo industrie discernendum. »

Le petit traité que nous venons d’analyser subit d’une manière très évidente l’influence de Roger Bacon ; mais, en même temps, il se montre bien informé de discussions qui se débattaient surtout

  1. Le copiste dit : 30 orbes.