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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/491

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


parmi les disciples d’Albert le Grand ; par là, il établit un lien entre l’Astronomie des Dominicains et l’Astronomie des Franciscains.

Il offre encore un autre intérêt ; il nous montre quelles étaient les principales préoccupations des astronomes à la fin du xiiie siècle ou au commencement du xive siècle.

La querelle qui s’était élevée entre mathématiciens, partisans des excentriques et des épicycles, et physiciens, tenants des seules sphères homocen triques, était maintenant jugée ; la position des physiciens était regardée comme irrémédiablement perdue ; les astronomes n’attachaient plus aucun intérêt à ce débat.

Il est, au contraire, une discussion qui les préoccupait au plus haut point. Quel est le mouvement lent des étoiles fixes ? Faut-il, avec Hipparque et Ptolémée, leur attribuer seulement une continuelle procession d’Occident en Orient ? Faut-il, suivant le système qui porte le nom de Thâbit ben Kourrah et selon les Tables de Tolède, les douer uniquement d’un mouvement d’accès et de recès ? Faut-il, comme le veulent Albert le Grand et les Tabulæ Alphonsii, admettre la coexistence de ces deux mouvements ? La question est grave ; sa portée n’est pas seulement philosophique ; elle importe grandement aussi à la pratique, puisque, selon la réponse qu’on lui donnera, les principes propres à construire les tables et à effectuer les calculs astronomiques seront changés. Cependant, la plupart des astronomes ne discernent pas clairement la solution qu’il convient d’adopter, et, comme eux, notre auteur demeure en suspens.


X
RICHARD DE MIDDLETON

Bacon vivait encore en 1292, car, en cette année, il composait[1] son Compendium studii Theologiæ. Il put donc lire l’ample commentaire aux Sentences de Pierre Lombard qu’avait écrit son compatriote et confrère en Saint François, Richard de Middleton[2] Sbaraglia a montré[3], en effet, que cet ouvrage dut être accompli

  1. Émile Charles, Roger Bacon, sa vie, ses ouvrages, ses doctrines, p. 39.
  2. Clarissinti theologi Magistri Ricardi de Mediavilla Seraphici Ord. Min. Convent. Saper quatuor libvos sententiarum Petri Lombardi quœstiones subtilissimœ, Nunc demum post alias editiones diligenlius, ac laboriostus (quoad fieri potuit) recognitœ, et ab erroribus innumeris castigatœ… Brixiæ, apud Vincentium Sabium, MDXCI (4 vol.).
  3. Sbaraleæ Supplementum ad Scriptores trium ordimun S. Francisci, art. Ricardus de Mediavilla.