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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


qui, par son mouvement, meut l’orbe des étoiles fixes d’Orient en Occident, n’est autre que le ciel cristallin ; celui-ci se meut donc d’Orient en Occident. »

Le ciel cristallin communique ainsi le mouvement diurne non seulement à la sphère des étoiles fixes, mais encore aux sphères des sept planètes.

Le ciel cristallin contient le ciel des étoiles fixes ou firmament[1]. Le firmament est animé, selon Richard de Middleton, de la rotation uniforme que lui attribuait Ptolémée : notre auteur ne fait aucune allusion à l’hypothèse de l’accès et du recès. Par cette rotation propre du ciel des étoiles fixes, les pôles de la rotation diurne changent sans cesse de position par rapport aux étoiles ; « l’étoile qu’on nomme étoile du navigateur était communément regardée autrefois comme se trouvant au pôle ; maintenant, elle se meut d’une manière sensible en décrivant un cercle autour du pôle. »

Les étoiles que contient le firmament n’ont d’autre mouvement que celui du firmament ; celui-ci se compose de deux rotations ; l’une, la rotation propre, se fait d’Occident en Orient et parcourt un degré en cent ans ; l’autre, la rotation diurne d’Orient en Occident, est communiquée par la neuvième sphère.

Toute planète participe également[2] à ces deux rotations ; mais, en outre, le déférent de cette planète tourne autour de son centre particulier, et, à son tour, l’épicycle tourne autour de son centre, qui est compris entre la surface externe et la surface interne du déférent ; seul, le Soleil a un déférent dénué d epicycle.

Le déférent du Soleil[3] est compris entre deux surfaces sphériques qui sont concentriques entre elles, bien que leur centre commun, qui est le centre du déférent, soit séparé du centre du Monde. Évidemment, on en peut dire autant des déférents des autres astres errants.

Beaucoup d’astronomes prétendent[4] « que les corps célestes, formés de la cinquième essence, sont solides et ne peuvent être divisés… Si les orbes étaient fluides et, par conséquent,susceptibles

  1. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. XIV, art. I, quæst. III et IV ; éd. cit., t. II, pp. 169-171. — Art. III, quæst. II ; éd. cit., p. 185.
  2. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, distinct. XIV, art. III, quæst. II ; éd. cit., t. II, p. 185.
  3. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, distinct. XIV, art. I, quæst. IV ; éd. cit., t. II, p. 171.
  4. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, distinct. XIV, art. III, quæst. I ; éd. cit., t. II, p. 184.