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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


d’être divisés, il semblerait raisonnable à beaucoup d’entre ces astronomes qu’ils fussent corruptibles… Les sphères célestes ne sont donc pas continues les unes aux autres, mais contiguës. Il en est de même des déférents ; le déférent, en effet, est compris entre la surface extérieure et la surface intérieure de la sphère de l’astre ; il est contigu à la partie de la sphère qui l’entoure et aussi à celle qui est entourée par lui. De même, l’épicycle, dont le centre et la surface sont compris entre la surface interne et la surface externe du déférent, est contigu avec les diverses parties du déférent. Enfin, la planète, dont le centre et la surface se trouvent entre la surface externe et la surface interne de l’épicycle, est contiguë avec l’épicycle. »

Dans cette courte page, nous reconnaissons très nettement cette ymaginatio modernorum dont Bacon nous avait présenté la description et la critique, et que Bernard de Verdun avait admise avec un si vif enthousiasme.

Bacon voulait que l’épicycle fût une sphère pleine ; Richard de Middleton lui donne ici la figure d’une sphère creuse. Bernard de Verdun avait dit[1] que l épicycle était une petite sphère, mais il avait ajouté que « cette sphère en comprend plusieurs autres, destinées à sauver les diversités qui apparaissent dans le mouvement de cet épicycle. » En outre, le premier de ces docteurs avait particularisé le mécanisme de Ptolémée et d’Ibn al Haitam de telle sorte que les calculs d’Al Fergani sur les dimensions des orbes célestes demeurassent exacts ; comme Bernard de Verdun, Richard de Middleton ne fait aucune mention de cette hypothèse particulière.

Les planètes ont-elles[2], outre les mouvements qui viennent d’être décrits, un mouvement de rotation autour de leur propre centre ? « On le croit assez du Soleil ; que Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure n’aient aucun mouvement de ce genre, je n’en suis pas certain… Mais beaucoup trouvent une preuve du mouvement de la Lune autour de son propre centre, situé entre la surface externe et la surface interne de l’épicycle, dans ce fait que la tache de la Lune ne nous apparaît jamais renversée, que la partie de cette tache qui se trouve vers le bas à un certain moment ne se trouve pas vers le haut à un autre moment, et inversement[3]… Si, en effet, la Lune ne se mouvait pas de mouvement

  1. Fratris Bernardi de Virduno Tractatus super totam Astrologiam, Tract. III, dist. III, cap. V.
  2. Ricardi de Mediavilla Op. laud., lib. II, dist. XIV, art. III, quæst. II ; éd. cit., t. II, p. 185.
  3. Richard de Middleton a mal compris l’effet que produirait dans la Lune