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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/495

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


propre, cette tache se trouverait transposée par suite du mouvement de l’épicycle ; la partie inférieure deviendrait la partie supérieure et inversement. La Lune doit donc se mouvoir autour de son propre centre, en sens contraire du mouvement de l’épicycle, et en telle proportion que la transposition que cette tache éprouverait par suite du mouvement de l’épicycle soit exactement compensée par le mouvement propre de la Lune en sens contraire. »

Si Bernard de Verdun a écrit avant Richard de Middleton et s’il a connu l’ouvrage de ce dernier, il en a pu être grandement réjoui ; le commentateur des Sentences, en effet, a pleinement adhéré aux doctrines que préconisait l’astronome franciscain ; sa foi au système de Ptolémée est si complète qu’il ne daigne faire allusion ni aux objections qu’Averroès avait formulées contre ce système, ni à la théorie qu’Alpétragius avait tenté de lui substituer.


XI
GUILLAUME VARON

De Guillaume Vare ou Varon, on ne sait à peu près rien, si ce n’est qu’il fut, à Oxford, le maître de Duns Scot et qu’il a commenté les Sentences. Ce commentaire n’a jamais été imprimé ; il nous a été donné de l’étudier dans un texte manuscrit conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux[1].

Dans ses Questions, Varon n’a souci que de Théologie ; s’il lui arrive donc de parler Astronomie, ce n’est que d’une manière accidentelle. Les rares passages qu’il consacre à la Science des mouvements célestes ne vaudraient guère la peine d’être cités, s’ils n’étaient remarquables par leur origine ; le maître de Duns Scot, en effet, les a tous textuellement empruntés à Moïse Maïmonide qu’il nomme simplement le Rabbin (Raby).

Les discussions relatives au mouvement des auges amènent, tout d’abord, Varon à supputer le diamètre de la sphère des étoiles


    le seul mouvement de l’épicycle ; il ne nous montrerait pas la même partie de la face de la Lune tantôt en haut et tantôt en bas, mais il nous montrerait tantôt une face de la Lune et tantôt la face opposée. Cette façon vicieuse de comprendre ou seulement, peut-être, de décrire le changement d’aspect que présenterait la Lune si elle était dénuée de mouvement propre, se retrouve dans les écrits d’une foule de maîtres scolastiques postérieurs à Richard de Middleton ; ils la tiennent sans doute de celui-ci.

  1. Bibliothèque municipale de Bordeaux, ms. 163. Inc. (fol. 1, col, a) : Queritur utrum finis per se et proprtus theologie, ut est habitus scientificus per-