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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/498

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS


ble pour toutes les nations, et de multiples contradictions ; et, sur ces sujets, il n’a fourni aucune démonstration. »

À la fin du xiiie siècle, donc, les Franciscains d’Oxford lisaient assidûment Maïmonide et appréciaient hautement son enseignement. Cet enseignement les aidait à repousser les excès de l’Averroïsme, à restreindre l’autorité d’Aristote. Si Maimonide regardait comme infaillible la Physique sublunaire du Stagirite, il n’accordait à l’Astronomie péripatéticienne qu’une valeur purement conjecturale ; il laissait donc les Franciscains, ses admirateurs, libres de suivre l’exemple de Bernard de Verdun et de Richard de Middleton, libres d’adopter le système des excentriques et des épicycles. Ainsi fit sans doute Duns Scot ; ainsi firent, à coup sûr, ses disciples.


XII
JEAN DE DUNS SCOT

Rien n’est plus propre à montrer quelle influence le traité de Bernard de Verdun dut exercer de bonne heure parmi les docteurs franciscains que l’étude des écrits de Jean de Duns Scot, mort en 1308.

Le Docteur Subtil n’a pas composé de livre qui traitât expressément des phénomènes célestes ; mais il s’intéressait assurément aux problèmes astronomiques qu’on agitait de son temps, et ses œuvres ont gardé la marque de cet intérêt. C’est ainsi que la discussion des opinions émises par les théologiens sur la résurrection générale amène Duns Scot à traiter[1] du mouvement de précession des équinoxes.

À ce propos, en effet, il examine l’hypothèse de la Grande Année, période de trente-six mille ans au bout de laquelle le Monde entier doit reprendre son premier état. « En effet, ajoute-t-il, si l’on suppose avec Ptolémée, dans l’Almageste, que le ciel étoilé se meut d’un degré par siècle en sens contraire du mouvement diurne, ce ciel aura accompli au bout de trente-six mille ans son mouvement d’Occident en Orient. »

À cette hypothèse de la Grande Année, le Docteur Subtil adresse diverses objections.

En premier lieu, les durées de révolution des divers orbes

  1. Johannis Duns Scoti Liber quartus saper Sententias, Dist. XLIII, quæst. III.