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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/526

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L’ASTRONOMIE DES FRANCISCAINS

Ces canons étaient composés, vers l’an 1232, pour des astronomes parisiens qui voulaient, dans leurs calculs, faire usage des Tables de Tolède. Il n’innovait donc point, celui dont les canons devaient permettre à Jean de se servir, à Londres, de ces mêmes tables.

Cet auteur était-il Roger Bacon ? Nous tenons à répéter, en terminant, que cela nous paraît vraisemblable, mais nullement assuré. Pour ruiner notre conjecture ou la transformer en certitude, il faudrait, dans un autre manuscrit, retrouver ces mêmes canons, mais accompagnés, touchant l’auteur qui les fit et la date qui les vit paraître, de quelques indications. Tant qu’on n’aura pas recueilli de tels renseignements, l’attribution de ces canons à Roger Bacon ne devra être regardée que comme une hypothèse plausible. C’est pour le mieux marquer que nous n’avons pas voulu joindre cette étude à celle des écrits authentiques de Bacon, et que nous l’en avons séparée sous forme de note.




Au moment même où l’imprimeur allait livrer au tirage les pages qui précèdent, M. Charles H. Haskins nous communique un article qu’il vient de publier sur la pénétration de la Science arabe en Angleterre[1] ; ce très intéressant travail nous apporte, sur le texte que nous venons d’étudier, des renseignements nouveaux que nous allons mettre à profit.

Parmi les faits signalés par M. Haskins, le premier qui retiendra notre attention concerne Robert de Rétines[2], dit aussi Robert de Chester ; il nous montrera que Robert n’était pas simplement traducteur, mais encore homme de science et capable, jusqu’à un certain point, de faire œuvre personnelle. C’est ainsi qu’il ne se contenta pas de traduire les tables astronomiques d’Al Battani, mais qu’il les soumit à une adaptation[3]. Il continua de rapporter au méridien de Tolède une partie de ces tables, en les faisant partir de l’année 1149 ; mais une autre partie, à laquelle l’an 1150 sert de principe, fut réduite au méridien de Londres. C’est ce que nous explique cette phrase :

« Ea namque ejus pars que ad meridiem civitatis Toleti constituitur a 1149 anno domini incipit et ab eodem termino annos domini per 28 colligens lineas annorum collectorum in mediis pla-

  1. Charles H. Haskins, The Reception of Arabic Science in England (The English Historical Review, January 1915, pp. 56-69.)
  2. Vide supra, pp. 172-175.
  3. Charles H. Haskins, Op. laud., p. 64.