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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/54

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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


moindre soupçon ; les doctrines qu’il professe sur les astres et les éléments montrent divers reflets de ces nouvelles influences.


II
CE QUE CHALCIDIUS, MACROBE ET MARTIANUS CAPELLA
ENSEIGNAIENT TOUCHANT LES MOUVEMENTS DE VÉNUS ET DE MERCURE

Jean Scot Érigène puisait certaines de ses connaissances astronomiques dans le Commentaire au Timée de Platon composé par Chalcidius et dans la compilation réunie par Martianus Capella. Or, dans l’un comme en l’autre de ces livres, il trouvait l’indication d’une très remarquable théorie des planètes ; il apprenait que certains astronomes anciens, devançant Copernic et Tycho Brahé, avaient eü l’idée de prendre le centre du Soleil pour centre des mouvements de Mercure et de Vénus.

Cette même théorie, un autre écrivain latin de la décadence, Macrobe, l’avait également adoptée. Il ne paraît pas que Scot Érigène ait subi l’influence de Macrobe, bien qu’on lui attribue des extraits de cet auteur ; mais peu après lui, le Commentaire sur le Songe de Scipion composé par cet auteur se répandra dans les écoles de la Chrétienté occidentale ; on le lira avec une extraordinaire ardeur.

Il nous a paru utile de réunir ici ce que Chalcidius, Macrobe et Martianus Capella ont enseigné touchant les mouvements des planètes Mercure et Vénus ; nous verrons, en effet, combien cet enseignement a séduit Scot Erigène et ses successeurs.

L’idée de faire circuler Mercure et Vénus autour du Soleil a, sans doute, été suggérée aux Anciens par cette remarque que Mars, Jupiter et Saturne peuvent être observés à toute distance angulaire du Soleil, tandis que Mercure et Vénus s’en peuvent seulement écarter d’un certain nombre de degrés soit vers l’Orient, soit vers l’Occident[1], que chacune de ces planètes oscille sans cesse entre deux limites équidistantes du Soleil.

Il semble que cette hypothèse ait été énoncée pour la première fois par Héraclide du Pont, dit aussi Héraclide le Platonicien. Cet écrivain fécond[2] était assurément déjà né en 373 avant J.-C.,

  1. La distance angulaire entre le Soleil et Mercure ne dépasse pas 29° ; Vénus ne s’écarte pas du Soleil de plus de 47°.
  2. Th. H. Martin, Mémoires sur l’histoire des hypothèses astronomiques chez les Grecs et les Romains. Première Partie ; Hypothèses astronomiques des