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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/55

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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


J.-C., et sa vie se prolongea certainement au delà de l’an 330. Son rôle est fort grand dans l’histoire des hypothèses astronomiques ; nous avons eu à l’apprécier lorsque nous avons traité des systèmes héliocentriques chez les Anciens [1].

« À propos [2] d’un passage du Timée de Platon sur les planètes de Vénus et de Mercure, Chalcidius [3] expose comment Héraclide du Pont, s’écartant de la doctrine platonicienne, expliquait géométriquement les mouvements apparents de Vénus. Evidemment, bien que Chalcidius ne le dise pas, une construction géométrique semblable devait être appliquée par Héraclide à Mercure ; mais il suffisait à Chalcidius de citer Vénus comme exemple. Il est possible que cet écrivain latin ait pris lui-même ce passage dans l’ouvrage grec d’Héraclide Sur la Nature ou dans quelque autre de ses ouvrages, et qu’il l’ait traduit ou résumé. Mais il est possible aussi que Chalcidius, attentif à dissimuler ses fréquents plagiats, ait trouvé le résumé tout fait chez quelque auteur grec, et qu’il n’ait eu que la peine de le traduire. Quoi qu’il en soit, ce résumé clair et intelligent doit venir de bonne source, et il faut savoir gré à Chalcidius de nous avoir conservé un renseignement si précieux qui, autrement, serait perdu pour nous. »

Chalcidius suppose [4] que les divers astres errants décrivent des épicycles sur des déférents concentriques au Monde ; puis il ajoute : « Héraclide du Pont, en attribuant un cercle épicycle à Lucifer (Vénus) et un autre au Soleil, et en donnant à ces deux cercles épicycles un même centre, a démontré que Lucifer devait se trouver tantôt au-dessus du Soleil et tantôt au-dessous ». Le commentateur du Timée montre, en outre, que si l’on mène du centre de la Terre deux tangentes à l’épicycle de Vénus, l’angle de ces deux tangentes détermine l’amplitude de l’oscillation que cette planète semble effectuer de part et d’autre du Soleil.


1. Voir : Première partie, Chapitre V, § II, III et IV ; t. I, pp. 404-418.

2. Th. H. Martin, Op. laud., ch. V, § 4.

3. Chalcidii Timœus Platonis, translatas, et in eumdem commentarius : ce. CVIII-CXI. — Cf. : TheCnis Smyrnaei Platonici Liber de Astronomia cum Seheni fragmenta. Textum primus edidit, latine vertit, descriptionibus geometricis, dissrrtationc et notis illustravit Th. H. Martin ; acceduut nune primum édita Georgii Pachymeris e libro astronomieo delerta fragmenta, Accedit etiam Chalcidii locus eœ Adrasto vel Theone eæpressus. Parisiis, MDCCCXL1X. Appendix altéra, conttnens de Mercurii et Veaeris motibus Chalcidii locuin, qui ex Adrasti vel Theonis deperdito opéré aliquo expressus videtur ; pp. 417-425.

4 Voir le passage de Chalcidius dans l’ouvrage cité deTh. II. Martin ou bien encore an livre suivant : Chalcidii V. C. Commentarius in Tîmœum Platonis, CIX, CX, CXI (Fragmenta philosophorum grœcorum. CoIlegitF. A. G Mullachius, vol. Il, pp. 206-207. Parisiis, Anibrosius Firmin-Didot, 1867).

    Grecs avant l’époque Alexandrine. Ch. V, § 3 (Mémoires de P Académie des Inscriptions et Belles lettres, t. XXX, 2e partie, 1881).

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