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Page:Duhem - Le Système du Monde, tome III.djvu/70

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LE SYSTÈME D’HÉRACLIDE AU MOYEN ÂGE


dans l’Église de France sous Louis le Débonnaire et sous Charles le Chauve, écrivant à Adalgard, le remercie [1] « de l’avoir secondé de son fraternel labeur en la correction de Macrobe »

Ce médiocre écrit de Macrobe devait jouir, pendant toute la durée des Xe et XIe siècles, d’une vogue extraordinaire ; les Chrétiens de l’Église latine lisaient cet ouvrage avec passion ; ils y pensaient trouver la quintessence de la Sagesse antique.

La faveur extrême en laquelle le Commentaire au Songe de Scipion était tenu au xe siècle nous est attestée par un témoin illustre, par Gerbert, qui devint pape sous le nom de Sylvestre II.

Né vers 930 à Aurillac, Gerbert fut initié aux études dans un monastère de sa ville natale ; il acheva de s’instruire en Espagne, près du savant Hatton, évêque de Vich, puis il entra dans l’ordre des Bénédictins ; après s’être attaché à l’empereut Othon I, il revint en France, où Hugues Capet lui confia l’éducation de son fils Robert et l’éleva à l’archevêché de Reims (991) ; depuis 972, Gerbert tenait école en cette ville et prenait, dans ses lettres, le titre de Scolasticus Remensis. Il devint ensuite archevêque de Ravenne (997) et, enfin, pape (999). Il mourut en l’an 1003.

Gerbert était, assurément, très soucieux de Sciences mathématiques et astronomiques. Dans sa correspondance [2], il traite de l’Arithmétique, de la Géométrie, de la Musique, des horloges, de la sphère solide propre à l’étude des mouvements célestes. Il a composé un traité sur la Géométrie, et on lui attribue, sans preuve suffisante d’ailleurs, un écrit sur l’astrolabe ; nous aurons occa* sion, au prochain chapitre, de revenir sur ces divers écrits.

Gerbert connaît les auteurs dont s’inspirait Jean Scot. Il cite [3] l’exposition de Chalcidius sur le Timée de Platon et, lorsqu’il invoque [4] l’autorité du Timée lui-même, c’est encore par cette exposition qu’il connaît l’œuvre du grand philosophe*

Dans une lettre adressée à un certain frère Adam, il emprunte [5] à Martianus Capella des renseignements sur la durée du jour*

Mais à la lecture de cefe auteurs, il joint celle de Macrobe. Dans sa Géométrie, se reconnaissent [6] des fragments tirés du Commentaire au Songe de Scipion. Le scolastique Adalbold, clerc de

1. B. Servati Lupi, Abbatis Ferrariensis, Epîstolœ> épist. VIH, ad Adalgardum UPatrologia latina^ accurante Migiie, t. CXIX, côl. 45®)*

2. Gerberti postes Silvestri II papas Opéra mathertiatica (972*1008) » Gollégit… Dr. Nicolaus Bubnov. Berolini, i8gg*


3. Gerberti Geometrià Cap. H, 21 (Gerberti Opéra mathematica, 56).

4. Gerberti Geometria Cap. VI, 25 (Gerberti Opéra mathemàtica, p. §3).

5. Gerberti Opéra mathematica, p. 3g*

6. Gerberti Opéra mathematica, p* 5v ;

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