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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE


donnait Vénus et Mercure pour satellites au Soleil ; et Jean Scot avait sans doute remarqué le passage où cette opinion est émise. Mais, du premier coup, le Philosophe de Charles le Chauve va bien plus loin que les sages de l’Antiquité dont il s’inspirait ; ce üe sont pas seulement, selon lui, Vénus et Mercure qui accomplissent leurs révolutions autour du Soleil ; ce sont aussi Mars et Jupiter ; seuls, les étoiles fixes, Saturne, le Soleil et la Lune tournent autour de la Terre. Sauf en ce qui concerne Saturne, c’est le Système de Tycho Brahé que nous voyons s’introduire ainsi dans l’Astronomie médiévale, et cela avant la fin du ixe siècle.

Jusqu’à Tycho Brahé, aucun astronome ne poussera, dans cette voie, aussi loin que Jean Scot Érigène. Mais bon nombre de philosophes du Moyen Age vont donner Vénus et Mercure pour satellites au Soleil. En ce faisant, ils suivront l’inspiration de Chalcidius, de Martianus Capella et aussi, nous l’allons voir, de Macrobe.

V

LA FORTUNE DE MACROBE DANS LES ÉCOLES DU MOYEN ÂGE

La philosophie néo-platonicienne de Scot Érigène s’inspire surtout de Chalcidius ; le Commentaire au Timée composé par èët auteur est, pour le Philosophe de Charles le Chativé, l’expression même de la pensée de Platon, et Platon est le plus grand philo^ sophe qui ait paru dans le monde.

Peu après le temps de Jean Scot, dès la fin dti ix° siècle peut-être, dès le xe siècle à coup sûr, le Néo-platonisme va, dans la Chrétienté latine, se développer sous l’influence non plus seulement de Chalcidius, mais encore d’Ambroise Théodose Macrobe.

Le Commentaire au Songe dé Scipion, Composé par Macrobe, ne paraît avoir exercé aucune influencé sur les doctrines dé Jean Scot ; il a dii, cependant, connaître cët ouvrage, car on lui attribue [1], non sans vraisemblance, un écrit intitulé : « Excerpta ex Macrobio de diffetentiis et societatibus græci latinique verbi ». Le Commentaire au Songe de Scipion ne l’aurait donc intéressé qu’au point de vue de la grammaire.

Les contemporains de Jean Scot connaissaient également cet ouvrage. Servat Loup, abbé de Ferrières, qui joua un grand rôle

  1. Histoire littéraire de la France, t. V, p. 427.