Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/123

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

Soleil se trouve dans les signes septentrionaux et, en hiver, dans les signes méridionaux ; partant, il est plus loin de la Terre en été qu’en hiver. Nous avons donc bien dit : En été, il y a deux causes de chaleur, la direction verticale des rayons et le plus long séjour du Soleil au-dessus de l’horizon], car les jours sont longs en été ; mais il y a aussi une cause de froid qui tempère les effets des deux premières, c’est la distance du Soleil à la Terre, puisqu’en été, le Soleil se trouve en cette partie de son cercle qui est la plus éloignée de la Terre…

» On peut voir par là que s’il y avait un continent dans la zône méridionale au delà du Zodiaque, ce continent 11e serait pas habitable ; les habitants de ce continent, en effet, auraient l’hiver tandis que nous avons l’été ; mais, sur ce continent, il n’y aurait aucun tempérament ; ils auraient à la fois, en hiver, toutes les causes de froid… et, au contraire, en été, ils auraient toutes les causes de chaleur.

» Ptolémée a supposé que nos contrées deviendraient un jour inhabitables ; il a pensé, en effet, que l’auge du soleil, c’est-à-dire la partie du cercle en laquelle le Soleil est le plus éloigné de la Terre, devait accomplir nue révolution entière, eu sorte qu’un jour, il deviendrait méridional ; cela posé, le Soleil se trouverait, durant l’hiver, en la partie de son cercle qui est la plus éloignée de la Terre ; toutes les causes de froid seraient donc réunies en hiver et toutes les causes de chaleur en été.

» Mais on a reconnu que la huitième sphère n’avait pas le mouvement imaginé par Ptolémée, comme le montre Tébith en son livre : De accessu et recessu octavæ sphæræ. En effet, cette sphère tourne sur les têtes du Bélier et de la Balance de telle sorte que l’auge du Soleil ne devienne jamais méridional ; partant, nos contrées seront toujours habitables. »

Cette raison en faveur du système de l’accès et du recès avait ravi, nous le savons, l’acquiescement de Roger Bacon ; Jean de Sicile, lui aussi, avait tenté de l’exposer, mais si maladroitement qu’il l’avait rendue méconnaissable ; Gilles de Rome, au contraire, le présente en pleine clarté.

Peut-être lira-t-on avec intérêt ce que le même auteur écrit de ceux qui voyaient[1] la Grande Année platonicienne dans la durée de trente-six mille ans attribuée par Ptolémée à la révolution de la sphère des étoiles fixes.

« La huitième sphère et les sphères de toutes les planètes tour-

  1. Ægidii Romani Op. laud., Pars prima, cap. XVI ; éd. cit., fol. 15, col. b.