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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

astronomiques le prouvent clairement. Mais, par suite du caractère caché que présente le mouvement de la huitième sphère, peut-être ne sait-on pas bien si une révolution complète est effectuée, comme l’admet Ptolémée, ou bien si la marche devient rétrograde avant que la révolution soit complète, comme le suppose Tébith ; sur ce point, toutefois, les astronomes semblent tenir pour le parti de Tébith et abandonner celui de Ptolémée. »

Aux deux systèmes proposés pour figurer le mouvement de la sphère des étoiles fixes, le système de la précession et le système de l’accès et du recès, Gilles de Rome fait diverses autres allusions ; en voici une [1] où ces deux systèmes se trouvent définis avec une assez grande précision :

« Le mouvement du premier mobile est fort rapide, car il accomplit une révolution en un jour et une nuit ; au contraire, le mouvement de la huitième sphère et des sphères des planètes est très lent ; il se fait en trente-six mille ans,, car il est d’un degré en cent ans. C’est, du moins, l’opinion de Ptolémée, lequel admet que, par ce mouvement, la huitième sphère accomplit une révolution entière, Mais Tébith, dans un certain traité De accessu et recensu octavæ sphœræ dont il est l’auteur, veut que la huitième sphère revienne en arrière avant d’avoir accompli une révolution entière d’Occident en Orient ; ledit Tébith imagine deux petits cercles décrits l’un sur la tête du Bélier et l’autre sur la tête de la Balance, et c’est suivant ces deux petits cercles que se meut la huitième sphère. Selon cette hypothèse, il n’est pas nécessaire d’accorder au mouvement de la huitième sphère autant de temps que lui en accordait Ptolémée. Il y a plus ; si l’hypothèse de Ptolémée était exacte, notre terre habitable deviendrait un jour inhabitable par l’effet du mouvement de l’auge du Soleil. »

Comment doit-on entendre cette dernière phrase ? Gilles de Rome va nous l’expliquer en détail au Chapitre suivant [2] où il montre « que l’excentricité du Soleil ne fait paa, dans la partie septentrionale de la Terre, que l’été soit froid et l’hiver chaud, mais qu’elle apporte seulement un certain tempérament. »

Le Soleil, en effet, parcourt un cercle excentrique à la Terre ; « la partie septentrionale de ce cercle est la plus éloignée de la Terre, et la partie méridionale en est la plus voisine ; cela est évident pour ceux qui connaissent l’Astronomie. Or, en été, le

  1. Ægidii Romani Op. laud., Prima pars, cap. XVI ; éd. cit., fol. 15, col. d.
  2. Ægidii Romani Op. laud., Pars prima, cap. XVII : Quod eccentricitas Solis in septentrionali parte terræ non facit æstatem frigidam et hyemem calidam, sed quoddam temperamentum adducit. Éd. cit., fol. 16, coll. a, b et c.