Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

« J’ai vu un certain écolier breton qui était aveugle de naissance ; cependant, il discutait fort bien et fort clairement sur la Logique et la Physique ; je sais qu’il se rendit à la Curie romaine, car je m’y trouvais alors moi-même, au temps du pape Jean ; par la belle discussion qu’il soutint devant les cardinaux, il obtint qu’il fût pourvu à sa subsistance sur les revenus d’une abbaye. »

Le pontificat de Jean XXII a duré de 1316 à 1331. Jean Buridan était, sans doute, assez jeune clerc lorsqu’il se rendit auprès de lui.

Ce voyage en Avignon laissa les plus vifs souvenirs dans la mémoire du Maître parisien. Les Questions qu’il a rédigées sur les Météores d’Aristote, dont il existe divers exemplaires manuscrits [1], sont remplies d’observations recueillies au cours de ce voyage ; le jeune Picard avait été grandement frappé de tout ce que les montagnes escaladées par lui avaient offert à son admiration ; les noms du mont Ventoux (Mons Ventosus) et des Montes Ricordaniæ, c’est-à-dire des Cévennes qu’il avait franchies par l’antique Voie Régordane, reviennent à chaque instant sous sa plume ; sur l’altitude du Mont Ventoux, il donne des details qui supposent qu’il avait fait, en partant du village de Bédouin, l’ascension de cette montagne ; c’est seulement le 26 avril 1336 que Pétrarque la devait faire à son tour, pour la célébrer ensuite dans ses lettres.

Un manuscrit de la Bibliothèque Nationale [2] nous conserve les discussions échangées par Buridan, en 1335, sur la division à l’infini, la réalité du point et divers autres problèmes, avec un certain maître M. de Montescalerio. C’est, sans doute, le plus ancien monument qui nous reste de l’activité intellectuelle de notre maître ès arts.


    ædibus Jodoci Badii Ascensii et Conradi Resch. —— Au verso du titre, se trouve une eeEpistola nuncupatoria et parenetica de Georges Lokert. Dans la première édition, cette épitre porte la date suivante : Ex præclaro Montis acuti collegio, Idibus Januarii ad supputationem Curiæ Romanæ MDXVI. Dans la seconde édition, cette même date est suivie de cette autre : Et rursus e Sorbona ad Kalen. Octo MDXVIII.

    Dans notre étude sur Jean Buridan et Léonard de Vinci, nous avions révoqué en doute l’authenticité de certains ouvrages attribués à Jean Buridan, savoir : Les Questions sur les Parva naturalia, sur le De anima, sur l’Éthique, sur les Météores. Tous ces doutes sont, maintenant, dissipés ; l’authenticité de ces écrits peut être établie avec certitude par les copies manuscrites dont nous allons parler.

  1. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms. no 14723, fol. 164, col. a, usque ad finem.
  2. Bibliothèque Nationale, fonds latin, ms no 16621. Un autre texte, beaucoup plus lisible, se trouve au ms. no 2831 du fonds latin de la même Bibliothèque ; la copie de ce dernier texte est datée de 1396 ; mais la date du texte même n’est point indiquée, non plus que le nom de maître M. de Montescalerio.