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L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

Expliciunt questiones super totalem librum de sensu et sensato collecte Parysius per reverendum magistrum Albertum de Rychmersdorf pronunciate Prage in quadam bursa tunc temporis, anno domini [M]CCCLXV, feria proxima post assumptionem Virginis gloriose per Johannem Krichpaumum de Ingolstat, finite in die sancti Bernhardi.

Albert de Richmersdorf ou de Riemerstorp, que la plupart des biographes ont confondu avec Albert de Helmstædt, dit de Saxe, est un personnage bien connu [1]. En 1362, nous le voyons à l’Université de Paris, trop pauvre pour acquitter ses droits d’examen ; en 1363, il est recteur de cette même Université de l’aris ; sa fortune esl alors rapide ; en 1365, il est dépêché en ambassade auprès du pape Urbain V par Rodolphe, duc d’Autriche ; en cette même année 1365, l’Université de Vienne est fondée et, sous l’influence de Rodolphe, Albert de Ricmerstorp est élu comme premier recteur ; il était chanoine d’Ilildeseim lorsqu’il fut nommé, le 21 octobre 1366, évêque d’Halbersladt.

Les deux pièces dont nous venons de parler ne nomment pas l’auteur des Questions qu’Albert de Ricmersdorf ou de Ricmerstorp avait recueillies durant son séjour à Paris. Que cet auteur fût Jean Buridan, cela ne paraît pas douteux. On s’en convainc en comparant les deux textes conservés par les manuscrits de Munich, particulièrement le texte donné par le ms. 4376, qui est plus complet, avec le texte qui, à deux reprises, en 1516 et en 1518, a été imprimé à Paris. Le R. P. J. Bulliot, qui avait fait cette comparaison, en résumait ainsi les résultats dans une lettre dont il nous avait honoré : « C’est le même ouvrage que dans l’imprimé, mais avec des objections en plus et une rédaction un peu plus diffuse ; dans le ms. 4376, le De sensu et sensato compte vingt-deux questions, une de plus que dans l’imprimé, la seconde, qui se trouve également dans le ms. 19551. L’ordre des questions, dans le ms. 4376, n’est pas tout à fait le même que dans l’imprimé ; tel ou tel sens, la vue, l’ouïe etc., passe avant l’autre, un peu au hasard ; dans le ms. 19551, l’ordre des questions s’éloigne encore plus de celui que suit l’imprimé. Ces deux manuscrits doivent répondre à une année de cours autre que celle de l’imprimé ; un cours oral ne se répète que bien rarement d’une manière textuelle ; mais c’est exactement le même fonds d’idées. »

Ce sont donc des reportata des leçons de Jean Buridan sur le

  1. Pierre Duhem, Études sur Léonard de Vinci, ceux qu’il a lus et ceux qui l’ont lu. Première série. VIII. Albert de Saxe, pp. 327-331.