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L’ASTRONOMIE LATINE AU MOYEN ÂGE

Munich, sont des rédactions composées par des élèves d’après l’enseignement de ce maître.

Nous sommes portés à croire qu’il en est de même de toutes les Questions attribuées à Buridan par ces manuscrits.

Ainsi les Questions sur les quatre livres des Météores sont assurément des reportera ; la rédaction en est extrêmement différente de celle des Questions sur les météores, inachevées, mais authentiquement composées par Jean Buridan, dont on possède plusieurs textes manuscrits ; copiées à Prague, en 1366, par Jean Krichpaum d’Ingolstadt, elles pourraient bien l’aire partie, comme d’autres Questions écrites, au même temps, par le même copiste, des notes recueillies à Paris par Albert de Ricmersdorf.

Des remarques analogues peuvent être faites sur les Quæstiones super libris de Cælo et Mundo que des manuscrits de la Bibliothèque Royale de Munich attribuent à Buridan. Ces Questions, un manuscrit les donne, purement et simplement, comme de « maître Jean Buridan, recteur de Paris [1] ». Un autre texte dit seulement qu’elles ont été « discutées à Paris selon maître Jean Buridan [2] ». Suivant cette dernière formule, nous aurions sous les yeux une rédaction de Questions sur le De Cælo faite d’après l’enseignement que Buridan donnait à Paris, mais non pas un écrit tracé par la plume même du physicien de Béthume.

Ces diverses réflexions nous ont paru nécessaires pour connaître le degré de confiance que nous pourrions accorder aux manuscrits de Munich lorsque nous leur demanderions des renseignements sur la pensée de Buridan ; mais elles ont, croyons-nous, un autre intérêt, et très vif. Elle nous montrent, en effet, avec quelle ardeur les maîtres allemands recueillaient l’enseignement du plus illustre professeur de la Faculté des Arts de Paris, avec quelle sollicitude ils en faisaient profiter leurs compatriotes. Au moment où Prague, où Vienne s’éveillaient à la vie intellectuelle, où des écoles s’y ouvraient, qui allaient devenir d’importantes universités, c’est l’enseignement de Paris qui tombait des chaires récemment inaugurées. La science des pays d’Empire, à sa naissance, ne fut qu’une émanation de la science parisienne. C’est une vérité dont nous devrons nous souvenir lorsque nous retracerons le développement pris, au temps de la Renaissance, dans ces pays, par l’enseignement des universités.

1. fiæp/iciunt questiones super libris de veto eZ mundo mapis/ri Jûhânnis Byridani recZoris Paris/us (Bibliothèque Royale de Munich, cod. lat. ig55i, fol. 105, col. h).

2. Parisius disputate seeundum Domintun Johanxem de Biridano (Bibl. Royale de Munich, cod. lat. 761, fol. 84).

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