Page:Duhem - Le Système du Monde, tome IV.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
L’ASTRONOMIE PARISIENNE. — II. LES PHYSICIENS

sphère sans astre chargée de communiquer à toutes les autres le mouvement diurne. Bien au contraire ; guidé par la théorie des Tabulæ regis Alphonsii touchant le mouvement des étoiles, et suivant en cela l’exemple d’Albert de Saxe et de Marsile d’Inghen, il place, au-dessus de l’orbe des étoiles fixes, deux orbes mobiles et dénués de toute étoile :

« Il faut remarquer à ce sujet, dit-il, que l’opinion communément reçue par les astronomes est la suivante : Au delà de la neuvième sphère, il faut encore supposer une dixième sphère mobile… Ils admettent que la huitième sphère, outre son mouvement propre [de précession] et le mouvement diurne, se meut encore d’un troisième mouvement qui est dit mouvement d’accès et de recès. »

Au delà de cette dixième sphère mobile, Pierre d’Ailly, comme Marsile d’Inghen, met une onzième sphère immobile ; pour justifier par la raison naturelle l’existence de cet Empyrée dont les théologiens demandaient la preuve aux textes de l’Écriture, il reprend un à un tous les arguments qu’Albert de Saxe s’était appliqué à ruiner.

Les Quatorze questions sur la sphère de Joannes de Sacro-Bosco ne sont pas le seul ouvrage où Pierre d’Ailly ait traité des problèmes astronomiques. Il a composé deux opuscules dont l’objet est de montrer l’accord des prédictions astrologiques d’une part avec les enseignements de la Théologie, d’autre part avec les récits de l’Histoire. À cette Concordantia Astronomiæ cum Theologia et à cette Concordantia Astronomiæ cum historica narratione, l’Évêque de Cambrai a joint un Elucidarium, consacré à des discussions sur les principes astronomiques de la Chronologie [1].

La date de cet Elucidarium nous est connue ; on y lit, en effet, cette phrase [2] : « Nous sommes en l’année mille quatre cent quatre de J.-C. — Sumus anno Christi quarto supra millesimium et quadringentesimum. »

Pierre d’Ailly, dans ses divers écrits astronomiques, ne fait preuve d’aucune originalité ; mais il a beaucoup lu et rapporte fidèlement ce qu’il a retenu de ses lectures. Désireux d’élucider les principes

  1. Concordantia astronomie cum theologia. Concordantia astronomie cum hystorica narratione. Et elucidarium duorum precedentium, domini Petri de Aliaco Cardinalis Cameracensis. Colophon : Opus concordantie astronomie cum theologia necnon hystorice veritatis narratione explicit feliciter magistri Joannis angeli viri peritissimi diligenti correctione. Erhardique Ratdolt mira imprimendi arte : qua nuper Venetiis nunc Auguste vindelicorum excellit nominatissimus. 4 Nonas Januarii 1490. — Incipit elucidarium astronomice concordie cum theologica et historia veritate.
  2. Petri de Aliaco Elucidarium, cap. XI.