attribué à la huitième sphère par Thâbit ben Kourrah et par tous ses successeurs.
Pierre d’Ailly reprend, d’ailleurs, dans une autre question[1], un exposé très bref de la doctrine d’Al Bitrogi ou, plutôt, du système écourté qu’il substitue à cette doctrine ; il remarque que « si l’on peut, de la sorte, rendre compte de quelques phénomènes célestes, il demeure impossible de rendre compte des effets les plus importants et les plus difficiles à expliquer, comme les variations qu’éprouve, d’une époque à une autre, la distance du Soleil au centre du Monde, ou bien encore comme les éclipses. »
La question à laquelle nous venons de faire allusion est ainsi formulée : « Pour rendre compte des apparences que présentent les mouvements des planètes, faut il admettre l’existence d’excentriques et d’épicycles ? » Albert de Saxe avait donné le même énoncé à l’une de ses questions sur le De Cælo. La réponse donnée par l’Aigle de France est presque textuellement copiée sur celle qu’avait rédigée Albertutius. Comme celui-ci, Pierre d’Ailly adopte sans réserve la méthode de Ptolémée ; il admet que les phénomènes célestes doivent s’expliquer au moyen des excentriques et des épicycles, « ce qui est le procédé généralement reçu. Certains astronomes, tels que le Commentateur, ont nié purement et simplement qu’il existât de tels excentriques et de tels épicycles, disant qu’il en résultait des impossibilités ; mais ils n’ont proposé aucun autre moyen de rendre compte des phénomènes… En sorte qu’on ne doit attribuer aucune valeur à l’autorité d’Eudoxe, de Calippe ou du Commentateur. »
Comme Albert de Saxe, c’est à l’aide des orbes combinés par les Hypothèses des planètes que Pierre d’Ailly expose[2] le système des épicycles et des excentriques ; toutefois, la représentation dont il use diffère en un point de celle qu’adoptait Albertutius ; l’Évêque de Cambrai ne garde pas à l’épicycle la forme d’une sphère pleine ; il le figure à l’image d’un tore où la planète est enchâssée comme le chaton dans la bague. Cette modification est analogue à celle qu’ont proposée, pour l’excentrique, l’Opus hexaemeron de Gilles de Rome et les Demonstrationes theoricæ planetarium, parfois attribuées à Campanus.
Pierre d’Ailly ne veut point[3] se ranger à l’opinion, soutenue par Buridan et par Nicole Oresme, selon laquelle il n’y aurait pas lieu d’imaginer, au-dessus de la sphère des étoiles fixes, une